Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 27, 1838.djvu/31

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

près l’ordre reçu, une poignée de terre de ses domaines, les remit par ce symbole entre les mains du roi qui alors en octroya de nouveau des chartes à chaque propriétaire, sous forme d’investiture féodale. Le Mot-Hill de Scone, ou cour de justice, appelé Mons placiti[1], provient, à ce qu’on prétend, des poignées de terre apportées en cette occasion, et par ce motif il a reçu le nom d’omnis terra[2]. Cette légende ne mérite aucune croyance. Mais si Malcolm, ce que sans doute il n’aurait pu faire, ne changea point les lois de tout son royaume par une modification générale des titres de la propriété, il est hors de doute que par diverses concessions et des cas particuliers il contribua à introduire en Écosse la coutume des investitures féodales. C’était un système agréable au prince, car il lui attribuait le caractère propre à le flatter, de propriétaire suprême, souverain ou originel, des terres du royaume entier. Il plaisait ainsi aux Normands que Malcolm attirait à sa cour. Ceux-ci attachaient un sentiment de sécurité à une charte royale, et comprenaient en même temps que leur importance personnelle s’augmentait par la puissance qu’ils obtenaient ainsi, d’accorder les terres qu’ils ne pouvaient occuper, à des sous-vassaux qui les tinssent d’eux aux semblables conditions de service auxquelles eux-mêmes tenaient leurs domaines de la couronne. Le système féodal avait aussi force de loi en France et en Angleterre, états sur lesquels le monarque écossais devait naturellement prendre modèle pour perfectionner les grossières institutions de sa contrée natale. Ainsi, quoique la féodalité n’ait pas certainement été introduite par Malcolm-Morh en Écosse, nous pouvons conclure que, de son temps, des exemples détachés, ainsi que l’action graduelle et le concours de circonstances favorables, préparaient déjà ce royaume à la recevoir.

Malcolm, à sa mort, laissa des enfants mineurs, et il eut pour successeur son frère Donald-Bane, sauvage écossais, qui, s’enfuyant aux Hébrides lors de l’assassinat de leur père Duncan, ne paraît avoir visité son frère Malcolm à aucune époque de son règne, ni approuvé aucune des nouvelles coutumes introduites par lui. Au décès de Cean-Morh il se hâta de revenir en Écosse, et, à l’aide d’une armée d’insulaires occidentaux, prit possession de la couronne au préjudice de ses neveux. Ce chef presque barbare fut d’autant mieux accueilli par beaucoup des Scots du nord,

  1. Mont du bon plaisir. a. m.
  2. Toute terre. a. m.