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même genre, appelé Reged, peuplé aussi de tribus bretonnes et fort renommé dans les chants de leurs hordes. Cet état séparé, qui comprenait le Cumberland et le Westmoreland, opposa une vigoureuse résistance aux étrangers ; les princes Saxons de l’époque ne purent jamais eux-mêmes le soumettre complètement. Edmond l’aîné, d’Angleterre, ravagea ce petit royaume pour le punir de son insubordination, creva les yeux aux cinq fils de Dunmail, son dernier roi de race bretonne, et en donna le territoire à Malcolm, roi des Écossais, à condition qu’il deviendrait son allié et l’aiderait sur terre et sur mer à défendre son royaume. Ainsi, par une anomalie singulière, tandis que l’Angleterre était en possession des Lothians, qu’on ne saurait aujourd’hui séparer de l’Écosse, le monarque écossais se voyait maître du Cumberland et du Westmoreland, que, de nos jours, personne n’hésite à regarder comme des provinces anglaises.

Les règnes d’Indulf et de Duff, princes qui succédèrent à Malcolm, sont peu connus. Mais la mort de Culen, troisième successeur de Malcolm, prouve, fait curieux, que les Bretons de Strath-Clyde étaient encore indépendants. Le viol d’une vierge bretonne de royale naissance fit éclater une guerre entre eux et les Écossais. Les Bretons furent vainqueurs, et Culen périt en 970.

Kenneth III, fils de Malcolm Ier, monta alors sur le trône d’Écosse, il soumit à son sceptre les Bretons de Strath-Clyde, et ainsi ajouta matériellement à la force de son royaume ; il paraît toutefois que le Strath-Clyde fut quelque temps encore après cette réunion, gouverné par des princes différents, quoique tributaires. Sous son règne, les Danois pénétrèrent avec une nombreuse flotte dans le golfe de Tay. Le roi Écossais s’avança à leur rencontre, et une bataille décisive eut lieu à Loncarty. Les Danois se battirent avec leur furie habituelle, et forcèrent les deux ailes de l’armée écossaise à se retirer derrière le centre, qui, commandé par Kenneth en personne, tint bon, et décida du sort de la journée. Des pierres monumentales, des monticules sur lesquels on trouve les ossements et les armes de ceux qui périrent, attestent la réalité de cette bataille, rendue mémorable par l’acharnement qu’on y déploya de part et d’autre ; il est cependant des histoires qui affectent de la regarder comme fabuleuse.

Kenneth III, périt victime d’une trahison de femme. Il aurait mis à mort le fils unique de Fenella, épouse du Maormor ou vice-roi de Kincardineshire. Quoique ce ne fût qu’un acte de justice,