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par la macération du corps expier les crimes de l’âme. D’un autre côté, le paquet de papiers que l’exprès avait apporté d’Édimbourg à sir George, et que Butler, autorisé par sa parenté avec le défunt, ne se fît pas scrupule d’examiner, fit faire une découverte des plus surprenantes et qui donna lieu à ce dernier de rendre grâce au ciel d’avoir adopté cette mesure.

Ratcliffe, qui avait les moyens de découvrir toute espèce de délits et de malfaiteurs, animé par la récompense promise, s’était mis bientôt en état de donner toutes les lumières qu’on lui avait communiquées sur le sort de l’enfant enlevé dès sa naissance à ses malheureux parents. La femme à qui Meg Murdockson avait vendu cet être infortuné, en avait fait le compagnon d’une vie de vagabondage et de mendicité jusqu’à l’âge de six à sept ans, époque à laquelle, ayant été mise dans la maison de correction d’Édimbourg, ce que Ratcliffe apprit d’une de ses compagnes, elle le vendit à son tour à Donacha-Dhu-Na-Dunaigh. Cet homme, à qui tous les crimes étaient familiers, était quelquefois employé dans un commerce horrible qui avait lieu entre l’Écosse et l’Amérique, pour fournir des laboureurs aux colonies en volant des hommes et des femmes, mais surtout de jeunes enfants. Ici Ratcliffe avait perdu la trace de l’enfant, mais il ne doutait pas que Donacha-Dhu ne pût en donner des nouvelles. L’agent d’affaires dont nous avons parlé si souvent dépêcha donc un exprès à sir George Staunton, le chargeant en même temps d’un mandat d’arrêt contre Donacha et de ses instructions au capitaine de Knockdunder pour agir avec la plus grande vigueur à cet effet.

Après avoir lu ces détails, l’esprit rempli des craintes les plus sinistres, Butler alla rejoindre le capitaine ; et en obtint, avec un peu de peine, la vue du procès-verbal de l’interrogatoire : cette pièce, jointe aux aveux que fit le plus âgé des prisonniers, confirmèrent bientôt tout ce qu’ils avaient redouté de plus fatal. Nous rapporterons les points principaux de sa déclaration sans entrer dans les détails.

Donacha-Dhu avait en effet acheté le malheureux enfant d’Effie, dans le dessein de le vendre aux marchands américains auxquels il avait l’habitude de fournir de la chair humaine. Mais aucune occasion ne s’en présenta de quelque temps, et l’enfant, auquel il avait donné le nom de Siffleur, fit quelque impression sur le cœur du féroce sauvage lui-même, peut-être parce qu’il apercevait en lui les germes d’un naturel aussi farouche, aussi