Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/551

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magistrats, dans ce cas, fut certainement sage et même juste ; car quel bon effet pouvait produire sur l’esprit public le châtiment d’un délit dont le souvenir était effacé, et lorsque le peuple n’avait devant les yeux que la conduite paisible, peut-être même exemplaire, de ceux qu’on aurait punis ?

Sir George Staunton pouvait donc parcourir le théâtre de ses anciens exploits, sans avoir rien à redouter des lois, sans craindre d’être reconnu, ou même d’exciter un soupçon. Mais nous laisserons au lecteur le soin de s’imaginer les sensations dont son cœur était assailli en traversant ces mêmes lieux. Ce n’était pas un intérêt ordinaire qui avait pu le décider à venir braver tant de douloureux souvenirs.

En conséquence de la lettre que Jeanie avait écrite à lady Staunton pour lui transmettre les derniers aveux de Meg Murdockson, sir George était parti pour Carlisle, et y avait trouvé l’archidiacre Fleming, par qui cette confession avait été reçue, et qui jouissait d’une haute considération due à ses vertus. Sir George Staunton, sans juger qu’il fût nécessaire de pousser plus loin la confiance, crut pouvoir lui assurer qu’il était le père du malheureux enfant enlevé par Madge Wildfire, lui représentant cette intrigue comme une folie de jeunesse qu’il désirait expier autant que possible, en faisant des démarches pour découvrir ce qu’était devenu cet enfant dont il voulait assurer le sort. Après avoir cherché à rassembler les souvenirs qui lui restaient de cette circonstance, le vieil ecclésiastique parvint à se rappeler que la malheureuse femme avait écrit une lettre adressée à George Staunton fils, esquire, au rectorat de Willingham par Gratham, et qu’il l’avait fait partir, mais qu’elle avait été renvoyée avec un billet du révérend M. Staunton, recteur de Willingham, déclarant qu’il ne connaissait pas la personne à qui la lettre était adressée. Comme ceci avait eu lieu précisément à l’époque où George quittait pour la dernière fois la maison de son père, afin d’enlever Effie, il ne lui fut pas difficile de s’expliquer la cause de son ressentiment. Ce fut encore son caractère indomptable qui occasionna ce malheur. S’il fût resté à Willingham quelques jours de plus, il aurait reçu la lettre de Marguerite Murdockson, dans laquelle elle lui faisait une description exacte de la personne d’une nommée Annapic Bailzou, à laquelle elle avait remis l’enfant, et lui donnait les moyens de trouver cette femme. Il paraît que ce qui avait décidé Meg Murdockson à faire cet aveu, était