Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/546

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paroles furent probablement perdues dans le bruit de la cascade ; car, quoiqu’elle pût voir remuer les lèvres du jeune homme auquel elle adressait ses prières, comme s’il lui répondait, elle n’entendit pas un seul mot de ceux qu’il prononça.

Cependant, un moment après, il parut qu’il ne s’était pas mépris sur la nature de ses prières, qui, à la vérité, se faisaient facilement comprendre par ses gestes et par la situation dans laquelle elle se trouvait. Le plus jeune des deux hommes disparut un instant, et revint avec une échelle faite de branches d’osiers entrelacées, d’environ huit pieds de long, et la leur descendit en faisant signe à Davie de la tenir ferme pendant que la dame monterait. Le désespoir donne du courage : lady Staunton n’hésita donc pas à se servir de ce moyen, tout précaire qu’il était, pour échapper à une position si dangereuse, et, à l’aide de l’individu que la Providence avait ainsi envoyé à son secours, elle atteignit le sommet sans accident. Cependant elle ne put songer à rien avant d’avoir vu près d’elle son neveu, qui suivit lestement et courageusement son exemple ; alors elle jeta les yeux autour d’elle, et ne put s’empêcher de frémir en considérant en quel lieu et en quelle compagnie elle se trouvait.

Ils étaient sur une espèce de plate-forme, entourée de tous côtés de précipices ou de pics menaçants, suspendus au-dessus de leurs têtes ; de sorte que ce lieu semblait protéger contre toute recherche ceux qui l’habitaient, n’étant, comme il paraissait, dominé par aucun point accessible. Il était en partie couvert par un énorme fragment de rocher qui s’était détaché d’un des sommets supérieurs, et qui, ayant été arrêté dans sa chute par d’autres pointes de roc, s’était trouvé assujetti de manière à former une espèce de toit en pente sur une partie creuse de la plate-forme où ils étaient. Une quantité de mousse et de feuilles sèches, amassées sous cet abri sauvage et grossier, indiquait l’endroit où reposaient les habitants de cet antre, car on ne pouvait lui donner un autre nom. Ces deux derniers étaient devant lady Staunton ; l’un, celui qui venait de lui prêter secours si à propos, était debout devant elle : c’était un jeune garçon d’une taille élancée. Il portait pour tout vêtement un plaid en haillons et le jupon montagnard nommé philabeb ; pas de souliers, pas de bas, de chapeau ni de bonnet : pour lui tenir lieu de ce dernier, ses cheveux étaient tressés, comme ceux des anciens Irlandais sauvages, en nattes rapprochées les unes des autres sur le haut de