Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/535

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de recevoir la mort. Il est vrai que ni elle, ni son mari, ni même son père, ne l’avaient jamais crue capable de porter une main cruelle sur son enfant, tant qu’elle avait eu l’usage de sa raison ; mais il y avait dans cette histoire une effrayante obscurité, et il était affreux de penser à ce qui avait pu arriver dans un moment de délire. D’ailleurs, quelle que fût leur propre conviction, ils ne possédaient aucun moyen de prouver l’innocence d’Effie, qui avait pu rester suspecte, et qui devenait maintenant évidente au moyen des éclaircissements donnés par cette publication et les derniers aveux de la personne qui avait eu le plus d’intérêt à cacher la vérité.

Après avoir remercié Dieu d’une découverte si précieuse, mistress Butler se mit à réfléchir à l’usage qu’elle en ferait. Sa première impulsion la portait à en faire part à son mari ; mais, outre qu’il était absent, et que l’affaire était trop délicate pour être expliquée dans une lettre par une personne peu habituée à écrire, mistress Butler se rappela qu’il ne possédait pas tous les renseignements nécessaires pour être en état de porter un jugement dans cette occasion ; pensant donc que le mieux était de persister dans le plan de conduite qu’elle avait adopté comme le plus prudent, elle se détermina à envoyer cette pièce à sa sœur, afin qu’elle se concertât avec son mari sur l’usage qu’ils devraient en faire. En conséquence elle mit sous enveloppe et à l’adresse, comme à l’ordinaire, de M. Whiterose, à ork, le papier qui contenait les derniers aveux de Meg Murdockson, et le fit porter par un exprès à Glasgow. Elle attendit une réponse avec impatience ; mais elle n’en reçut pas après le délai ordinaire de la poste, et cherchait avec anxiété les motifs du silence de lady Staunton. Elle commençait presque à se repentir de s’être dessaisie de cet imprimé, d’abord par la crainte qu’il ne fût tombé dans des mains infidèles, et ensuite par le désir de posséder un document qui pouvait être si utile pour prouver l’innocence de sa sœur ; elle se demandait même si elle ne ferait pas bien de soumettre toute cette affaire au jugement de son mari, quand d’autres circonstances vinrent la détourner de ce dessein.

Jeanie (c’est notre favorite, et nous lui demandons excuse de nous servir encore quelquefois de ce nom familier) ; Jeanie donc était allée se promener avec ses enfants, un matin après déjeuner, sur le rivage de la mer, quand ses garçons, dont la vue était plus perçante que la sienne, s’écrièrent qu’ils voyaient le capitaine dans sa voiture à six chevaux, avec des dames venant de leur