Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/511

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En outre, comme savant, il n’était nullement satisfait de se voir dicter des lois par un beau-père d’une instruction bornée ; et comme ministre, il ne croyait pas convenable de se laisser diriger par un ancien de son église. Une pensée qui avait sa source dans un sentiment d’honnête fierté lui faisait souvent porter la contradiction un peu plus loin qu’il n’aurait dû. « Mes confrères, dit-il, supposeront que je cherche à flatter le vieillard afin de m’assurer sa succession, si je me range de son avis et lui cède dans toutes les occasions ; et d’ailleurs il a beaucoup d’idées sur lesquelles je ne puis en conscience être d’accord avec lui. Je ne saurais persécuter dans de vieilles femmes de soi-disant sorcières, et je n’irai pas exciter des scandales en dévoilant les fautes des jeunes filles, qui seraient restées inconnues. »

Il résultait de cette différence d’opinion que sur beaucoup de points délicats Davie accusait son gendre d’une indulgence coupable, de tolérance pour certaines erreurs du temps, ou d’indifférence à signaler quelques petits sujets de scandale et fama clamosa, ou à protester contre les apostasies et les scandales du temps : toutes choses qu’il regardait comme un relâchement dans la discipline. Quelquefois l’aigreur se mêlait à la dispute. Alors mistress Butler intervenait comme un ange médiateur, et la douceur de son caractère, agissant comme un alcali, parvenait ordinairement à neutraliser l’acide caustique des controverses religieuses. Elle prêtait une oreille attentive et complaisante à leurs plaintes mutuelles, et cherchait toujours à excuser plutôt qu’à justifier entièrement celui pour lequel elle plaidait.

Elle rappelait à son père que Butler n’avait pas sa longue expérience, acquise dans des temps de persécution, où ceux qui souffraient pour la bonne cause avaient reçu en don la foi en une vie meilleure pour les dédommager des maux qu’ils enduraient dans celle-ci. Elle convenait que plusieurs saints ministres et confesseurs de ces temps-là avaient joui du privilège de la révélation, entre autres le bienheureux Peden, Lundie, Caméron, Renwick, John Caird le chaudronnier, initiés dans les secrets de la Providence ; et Élisabeth Melvil et lady Culross, qui pria dans son lit, qu’on avait mis dans une vaste chambre et qui était environné d’un grand nombre de chrétiens, et cela pendant trois heures, à l’aide de l’assistance divine ; et lady Robertland, qui eut six visions de grâce, et beaucoup d’autres de l’ancien temps, sans oublier M. John Scrimgeour, ministre de Kinghorn, qui, ayant un enfant