Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/490

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commodées, je pourrais y rester toute ma vie, car je n’en possède pas une paire, et n’en ai porté que deux fois, et encore dans une occasion que je me rappelle avec orgueil, puisque ce fut à l’époque où le duc amena ici la duchesse, qui voulut bien me témoigner sa satisfaction. J’empruntai donc pour cette fois les culottes du ministre, que je portai pendant les deux jours qu’il plut à Sa Grâce de rester ici… Mais parbleu, pour aucun homme ni aucune femme au monde, je ne voudrais me remettre dans une pareille prison, Sa Grâce exceptée, suivant le respect que je lui dois. »

La souveraine de la laiterie ouvrit de grands yeux, mais ne fit aucune réponse à cette brusque déclaration, et se mit sur-le-champ à prouver que l’alarme qu’elle avait éprouvée le jour précédent n’avait porté aucune atteinte à son appétit.

Lorsque le déjeuner fut terminé, le capitaine leur proposa de prendre un bateau afin que mistress Jeanie pût voir sa nouvelle résidence, et que lui-même eût occasion de s’informer si on avait fait au presbytère toutes les réparations et préparatifs nécessaires pour en recevoir les futurs habitants.

La matinée était délicieuse, et les ombres étendues des montagnes se réfléchissaient sur le miroir des eaux, aussi tranquilles alors que celles d’un lac intérieur. Mistress Dutton elle-même avait oublié toutes ses craintes. Elle avait appris par Archibald qu’il y aurait une espèce de festin après le sermon, c’était une chose qui lui plaisait fort ; « et l’eau était si tranquille, disait-elle, que c’était comme une promenade sur la Tamise. »

Toute la société s’étant donc embarquée dans une grande chaloupe, que le capitaine appelait sa voiture à six chevaux, et qui était suivie d’une plus petite, qu’il nommait son cabriolet, le brave Duncan dirigea le gouvernail vers la petite tour de la vieille église de Knocktarlity, et les efforts de six vigoureux rameurs leur firent faire le voyage avec rapidité. L’aspect du pays des deux côtés était gracieux et pastoral, et rappelait cette description d’un ancien poète écossais oublié aujourd’hui :

« L’onde coulait lentement et avec un doux murmure sur un terrain peu incliné ; sur chacune de ses rives, des arbres touffus et élevés retentissaient du concert des nombreux oiseaux auxquels leurs branches servaient d’asile, et l’épais gazon qui croissait à leur pied formait un tapis des plus frais ; la chèvre et l’agneau bondissants broutaient de jeunes arbrisseaux dont était ornée la