Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/479

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S’appuyant sur les bases étendues que lui fournissait l’histoire de l’Église pendant son court triomphe et ses longues tribulations, Davie, sans reprendre haleine et avec une prolixité faite pour lasser la patience de tout autre que de l’amant de sa fille, se mit à expliquer les principes d’après lesquels il voudrait diriger la conscience de son ami, comme assistant à l’église. Sur ce sujet, le brave homme s’enfonça dans une telle variété d’hypothèses improbables autant qu’épineuses, il supposa des cas si extrêmes et établit des distinctions si pointilleuses entre la droite et la gauche, glisser ou tomber, donner dans le piège ou dans l’erreur, qu’enfin, après avoir réduit le chemin de la vérité à une simple ligne mathématique, il fut obligé de convenir qu’un homme, après avoir envisagé le danger des écueils dont la barque était entourée, ne devait choisir d’autre pilote que sa conscience. Il citait à Butler des exemples et des arguments pour et contre l’acceptation d’une Église suivant la forme que la révolution avait établie, avec beaucoup plus d’impartialité qu’il n’aurait été dans le cas de le faire à l’égard de lui-même, et il conclut que son jeune ami ne devait être guidé, dans un cas semblable, que par l’impulsion de sa propre conscience, qui seule devait décider s’il pouvait se charger de la terrible responsabilité de la direction des âmes, sans agir contre sa conscience.

Quand Davie eut fini sa très-longue harangue, qui ne fut interrompue que par des monosyllabes, ou à peu près, de la part de Butler, l’orateur parut étonné de n’avoir pas si bien réussi à amener la conclusion à laquelle il désirait tout naturellement arriver, que lorsqu’il avait débattu l’affaire en lui-même.

Sur ce point, le cours qu’avaient pris les pensées et les paroles de Davie Deans servait à confirmer, par un exemple de plus, l’u-