Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/430

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voyer à la Société d’agriculture.) « Néanmoins tout ceci n’est rien en comparaison de la belle moisson de grâces que la Providence nous a accordée, et principalement de la vie de la pauvre Effie. Ô mon cher père ! puisqu’il a plu à Dieu d’être miséricordieux envers elle, ne lui refusez pas votre entier pardon, qui la mettra en état de devenir un vase d’élection et d’être la consolation de vos cheveux gris. Mon cher père, voulez-vous faire savoir au laird qu’il vous est survenu des amis d’une manière étrange, et que l’argent qu’il m’a prêté lui sera rendu avec reconnaissance ? J’ai encore une partie de cet argent, et quant au reste, je ne le garde pas dans une bourse ou dans le coin d’un mouchoir, mais le tout consiste en un petit morceau de papier, comme c’est la mode ici, et qui, m’assure-t-on, vaut bien l’argent qu’il représente. Et aussi, mon cher père, grâce à M. Butler, j’ai été très-bien accueillie par le duc, car il paraît qu’il y a eu des services rendus entre leurs grands-pères dans les anciens temps de trouble. Mistress Glass aussi a eu pour moi les bontés d’une mère. Elle a ici une belle maison, et vit commodément avec deux servantes, un commis et un garçon de boutique. Elle doit vous envoyer une livre de son tabac fin et aussi de quelque autre espèce, et il faudra que nous pensions à lui faire un présent, après toutes les honnêtetés qu’elles a eues pour moi. Le duc doit expédier le pardon par un exprès, parce que je ne puis pas voyager assez vite, et je dois m’en retourner avec un des domestiques de Sa Grâce, un nommé John Archibald, qui est un homme d’un certain âge, et fort honnête, et qui dit vous avoir vu, il y a longtemps, quand vous achetiez des bestiaux dans l’ouest, au laird d’Aughtermugithy. Peut-être ne vous souviendrez-vous pas de lui ; mais, quoi qu’il en soit, c’est un homme bien honnête. Et il y aura aussi avec nous mistress Daily Dutton, qui va tenir la laiterie à Inverary. Ils me mèneront jusqu’à Glasgow, d’où il n’est pas bien difficile de revenir chez nous, ce que je désire par-dessus toutes choses. Puisse le dispensateur de tous les biens veiller sur vous et votre santé, dans tous les moments de votre vie ! c’est la prière que fait ardemment votre affectionnée fille.

Jeanie Deans. »

La troisième lettre était pour Butler ; en voici la teneur :

« Monsieur Butler,

« Vous serez bien aise d’apprendre que le but de mon voyage