Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/347

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abandonnée comme je le suis. À présent, tout est fini ; mais nous frapperons à la porte, et alors le gardien admettra Christiana ; mais Mercy restera dehors : alors je me tiendrai à la porte, tremblante et pleurant, et Christiana,… c’est vous, Jeanie,… intercédera pour moi ; puis Mercy,… c’est moi, comme vous savez,… tombera en faiblesse ; puis l’interprète, oui l’interprète, c’est-à-dire M. Staunton lui-même, viendra et me prendra par la main, moi, toute pauvre, tout éperdue, tout insensée que je suis, et il me donnera une grenade, un rayon de miel et un flacon de cordial pour me rappeler à la vie ; puis le bon temps reviendra, et nous serons les plus heureuses gens du monde. »

Au milieu de cet amas d’idées confuses, Jeanie crut remarquer dans Madge l’intention sérieuse de chercher à obtenir le pardon et l’appui de quelqu’un qu’elle avait offensé. Cette tentative était la chose la plus propre à les remettre en contact avec la justice et à leur procurer la protection des lois. Elle résolut donc de se laisser guider par elle tant qu’elle la verrait dans une disposition si propice, et d’agir ensuite pour sa sûreté comme les circonstances les lui commanderaient.

Elles étaient arrivées tout près du village, qui offrait un de ces tableaux charmants qu’on trouve si souvent dans la riante Angleterre, où les chaumières, loin d’être bâties en ligne droite de chaque côté d’une route poudreuse, s’élèvent en groupes détachés, entremêlées non seulement d’ormes et de vieux chênes, mais encore d’arbres fruitiers, alors pour la plupart couverts de fleurs blanches et vermeilles dont le gazon était également émaillé. Au centre du hameau s’élevait l’église paroissiale avec sa petite tour gothique, d’où partait le son des cloches qui annonçaient l’office du dimanche.

« Nous attendrons ici que tout le monde soit entré dans l’église, dit Madge ; car si nous nous mêlions à eux, tous les garçons et toutes les filles se mettraient à crier derrière Madge Wildfire, et le bedeau nous traiterait aussi brutalement que si c’était notre faute. Je puis lui assurer que je n’aime pas plus les cris que lui, et, ma foi, je souhaiterais souvent qu’ils eussent un fer rouge dans la gorge quand je les entends hurler ainsi. »

Jeanie, en songeant au désordre de son habillement après l’aventure de la nuit, au costume grotesque et aux manières étranges de son guide, et concevant de plus combien il était important de prévenir en sa faveur par un extérieur décent ceux