Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/313

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cher père ! puissiez-vous, en vous levant le matin et en vous couchant le soir, donner une bénédiction et une place dans vos prières à votre fille affectionnée et soumise.

« Jeanie Deans. »

— « P. S. J’ai appris d’une honnête femme, la veuve d’un nourrisseur de bestiaux, qu’on a dans le Cumberland un remède pour la maladie des vaches… En voici la recette : c’est une pinte de bière ; mais ce qu’ils appellent une pinte n’est rien en comparaison de nos grandes pintes écossaises, c’est à peine une chopine. Dans cette pinte de bière on fait bouillir du savon et de la corne de cerf, et on fait avaler ce breuvage à l’animal avec une corne. Vous pouvez l’essayer sur la vache d’un an, à tête blanche. Si cela ne lui fait pas de bien, cela ne lui fera pas de mal. C’était une bonne femme, et elle paraissait bien entendue dans les soins à donner aux bêtes à cornes. En arrivant à Londres, mon intention est d’aller voir notre cousine mistress Glass, la marchande de tabac à l’enseigne du Chardon, qui à l’honnêteté de vous envoyer, tous les ans, une boîte remplie de tabac. Elle doit être bien connue à Londres, et je ne doute pas de trouver facilement sa demeure. »

Ayant été entraîné à dévoiler cette partie de la correspondance de notre héroïne, nous ferons également part au lecteur de la lettre qu’elle adressa à son amant.

« Monsieur Reuben Butler,

« Espérant que ma lettre vous trouvera mieux, celle-ci est pour vous apprendre que je suis arrivée dans cette grande ville sans accident ; je ne suis pas fatiguée de marcher ; au contraire, je ne m’en trouve que mieux. J’ai vu beaucoup de choses dont j’espère vous parler un jour, ainsi que de la grande église de cette ville. Tous les environs sont remplis de moulins qui n’ont ni grandes roues, ni écluses, mais que le vent fait tourner, chose bien étrange à voir. Un meunier m’avait engagée à entrer dans son moulin pour m’en montrer le travail, mais je le refusai, car je ne suis pas venue dans ce pays pour faire connaissance avec des étrangers ; je marche droit mon chemin, et fais une révérence si quelqu’un me parle honnêtement, mais je ne réponds de vive voix qu’aux personnes de mon sexe. Je voudrais bien ; monsieur Butler, connaître quelque chose qui vous fît du bien, car il y a dans cette ville d’York plus de médecines qu’il n’en faudrait pour