Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/272

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Lorsque le doomster parut, vêtu d’un habit noir et gris bordé d’un galon d’argent, chacun en apercevant et sa taille gigantesque et son visage hagard, se recula en arrière comme par un instinct d’horreur, et lui laissa un large passage par lequel il s’avança jusqu’auprès de la table. Comme cet office était rempli par l’exécuteur des hautes œuvres, chacun s’empressait de se retirer pour éviter de frôler ses vêtements, et ceux à qui cet accident arrivait par hasard secouaient leurs habits comme pour en faire disparaître cette souillure. On entendit un bruit dans l’assemblée, indiquant que chacun était oppressé et respirait d’une manière pénible, comme ceux qui s’attendent à quelque chose d’effrayant ou de douloureux ou qui en sont les témoins. Le misérable, au milieu de son brutal endurcissement, semblait s’apercevoir qu’il était l’objet de l’horreur générale, et paraissait souffrir de se trouver en public, semblable aux oiseaux des ténèbres qui abhorrent le grand air et la lumière du jour.

Répétant après le greffier de la cour, il prononça rapidement les paroles de la sentence qui condamnait Euphémie Deans à être reconduite à la prison d’Édimbourg et à y être détenue jusqu’au jour où, entre deux et quatre heures de l’après-midi, elle devait être conduite à la place ordinaire des exécutions, pour y être pendue jusqu’à ce que mort s’ensuivît. Le doomster acheva la sentence par ces mots, sur lesquels il appuya de toute la force de sa voix rauque et dure : Tel est l’arrêt ! »

En prononçant ces fatales paroles, il disparut comme un malin esprit qui vient d’accomplir le but infernal qui l’a amené sur la terre ; mais l’impression d’horreur causée par sa présence ne s’effaça pas aussi promptement de l’esprit des spectateurs.

La malheureuse condamnée (car c’est ainsi qu’il faut l’appeler maintenant), bien qu’elle eût une sensibilité plus vive et fût moins accoutumée à la dominer que son père et sa sœur, montra dans cette occasion qu’elle possédait une portion considérable de leur courage. Elle était restée immobile près de la barre, pendant que sa sentence avait été prononcée, et on remarqua qu’elle avait fermé les yeux quand le doormster parut ; mais elle fut la première à rompre le silence quand cette sinistre figure se fut éloignée.

« Que Dieu vous pardonne, milords ! dit-elle et ne vous fâchez pas que je fasse ce souhait, car nous avons tous besoin de pardon. Quant à moi, je ne puis vous blâmer, puisque vous agissez