Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/223

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autres impositions ou degrés de soumission, les opinions étaient partagées, et ce qui caractérise peut-être le mieux l’esprit de ces pères militants de l’Église, c’est que, tandis que chacun regardait comme impie de payer l’impôt employé à l’entretien de l’armée, les uns reconnaissaient, les autres niaient la légitimité des droits de péage, et de ceux levés pour l’entretien des routes, et autres dépenses indispensables. Il s’en trouvait encore qui, poussant à l’excès leurs scrupules au sujet de ces impôts de barrières et de relais, croyaient ne pouvoir en conscience payer le tribut ordinaire aux passages des bacs. Un d’eux surtout, dans l’ardeur de son zèle, James Russel, l’un des meurtriers de l’archevêque de Saint-Andrews, s’était élevé avec beaucoup de chaleur contre cette dernière ombre de soumission à l’autorité constituée. Ce personnage fanatique ainsi que ses partisans se faisaient aussi de grands scrupules de donner aux jours de la semaine et aux mois de l’année leurs noms ordinaires, qui pour eux sentaient tellement le paganisme, qu’ils finirent par conclure que ceux qui reconnaissaient des noms tels que lundi, mardi, janvier, février, se montraient dignes pour le moins des châtiments qui avaient été prononcés contre les anciens adorateurs des idoles.

David Deans s’était trouvé présent dans cette occasion mémorable, quoique trop jeune pour élever la voix dans cette savante controverse. Sa tête cependant avait été fortement échauffée par le bruit, les clameurs et la métaphysique ardue de la discussion : c’était un sujet de doute sur lequel son esprit s’était souvent reporté, — et quoiqu’il eût eu le plus grand soin de cacher aux autres et peut-être à lui-même l’état d’incertitude où il flottait encore, il n’avait jamais pu parvenir à prendre dans ce cas une résolution précise. Son bon sens naturel avait du moins contre-balancé la fureur de son zèle controversiste. Il n’était sans doute pas satisfait de la tranquillité et de l’insouciance même avec lesquelles le gouvernement du roi Guillaume souffrait les erreurs du siècle, puisque loin de rendre à l’Église presbytérienne son ancienne suprématie, il avait passé un acte d’amnistie en faveur de ceux qui avaient été ses persécuteurs, et leur avait conféré des titres, des grâces et des emplois. Quand dans la première assemblée générale qui succéda à la révolution, on proposa de reconstituer la ligue du Covenant, ce fut avec horreur que Davie vit cette proposition éludée par des hommes d’un esprit mondain et d’une politique charnelle, suivant ses expressions, comme étant inappli-