Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/214

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chent pas, eux. » Ici elle fit de nouveau une profonde révérence, tandis que sa mère l’appelait d’une voix rauque :

« Madge, attends ; si je vais te chercher !… — L’entendez-vous ? dit Madge ; mais cela ne m’empêchera pas de m’échapper pendant la nuit, pour aller danser au clair de la lune, quand son mari et elle traverseront les airs sur un manche à balai pour aller voir Jean Jap, qu’on a mis dans la prison de Kirkaldy. Ah ! ah ! ils feront un joli voyage, quand ils auront sous les pieds Inch Keith et les montagnes, et la mer avec toutes ses belles vagues qui viennent battre le pied des rochers à la lueur argentée de la lune. Me voilà, ma mère, me voilà, » dit-elle en entendant une dispute s’élever à la porte, entre la vieille et les officiers de police qui voulaient l’empêcher de rentrer. Madge, élevant alors le bras en l’air et l’agitant d’une manière bizarre, chanta de toute la force de ses poumons :

Je la vois là-haut dans les airs,
À cheval sur ma jument grise ;
Je la vois là-haut dans les airs ;


et elle s’élança de la salle en sautillant à la manière dont les sorcières de Macbeth quittaient autrefois la scène.

Quelques semaines s’écoulèrent avant que M. Middleburgh pût exécuter le projet bienveillant qu’il avait formé de se rendre lui-même à Saint-Léonard pour découvrir s’il serait possible d’y obtenir le témoignage dont il était question dans la lettre anonyme.

Pendant ce temps, les perquisitions qu’on ne cessait de faire pour découvrir les meurtriers de Porteous avaient occupé l’attention et le temps de tous ceux qui étaient employés dans l’administration de la justice. Dans le cours de ces recherches, il se présenta deux circonstances en rapport direct avec notre histoire. Butler, après que sa conduite eut été encore examinée, fut déclaré innocent de toute participation à la mort de Porteous ; mais, comme il s’était trouvé présent à cette affaire, on l’obligea de donner caution qu’il ne quitterait pas sa résidence ordinaire de Libberton, afin de pouvoir paraître comme témoin lorsque sa présence serait jugée nécessaire. L’autre circonstance fut la disparition de Madge Wildfire et de sa mère. On ne les trouva pas lorsqu’on alla les chercher pour leur faire subir d’autres interrogatoires, et M. Sharpitlaw découvrit qu’elles avaient trompé la surveillance de la police et quitté la ville le jour même où elles