Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/185

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l’affaire du collecteur, dans laquelle il avait été entraîné par Wilson, et quelques querelles avec les douaniers à propos de marchandises de contrebande, il ne s’est jamais mêlé de rien qui ressemblât à notre genre d’affaires. — Bah, vraiment ! c’est singulier, en songeant à la compagnie qu’il fréquentait. — C’est un fait, sur mon honneur, » dit Ratcliffe gravement : « il ne se mêlait nullement de nos petites affaires, et c’est ce que je ne pourrais dire de Wilson. J’avais souvent travaillé avec lui. Mais ce garçon y viendra avec le temps ; croyez-moi, personne ne mène une vie semblable sans y arriver tôt ou tard. — Vous savez, je suppose, Ratcliffe, dit Sharpitlaw, quel est ce Robertson ? — Je le suppose de meilleure famille qu’il ne se soucie de le paraître. Il a été militaire, acteur, enfin je ne vous dirai pas tout ce qu’il a ou n’a pas été : tout jeune qu’il est, il n’y a guère de folies qu’il n’ait faites. — Il paraît qu’il en a fait de belles dans son temps ? — Ah ! je vous le promets, » dit Ratcliffe avec un sourire sardonique ; « et c’était surtout un diable avec les filles. — Cela me paraît probable, dit Sharpitlaw. Eh bien, Ratcliffe, je ne veux pas rester là à perdre le temps avec vous : vous savez de quelle manière on arrive à la faveur dans mon département ; il faut être utile. — Bien certainement, monsieur, et j’y ferai de mon mieux. Rien pour rien, je connais les règles de la police, dit l’ex-voleur. — Maintenant la principale affaire qui nous occupe, dit l’officier de police, c’est celle de Porteous ; si vous pouvez nous y donner un coup de main, vous obtiendrez la place de porte-clefs pour commencer, et avec le temps celle de geôlier en chef. Vous m’entendez ? — Oui, ma foi, monsieur : à bon cheval il ne faut que faire sentir la bride ; mais, au sujet de cette affaire de Porteous, Dieu vous aide ! rappelez-vous que j’avais contre moi une sentence de mort. Ah, Seigneur ! j’avais de la peine à m’empêcher de rire quand j’entendais John hurler et demander merci aux bons garçons qui le tenaient ! Ah, mon compère ! pensais-je, tu m’as plus d’une fois donné la chair de poule, c’est toi qui y es maintenant, chacun son tour. Tu vas savoir ce que c’est que d’être pendu. — Allons, allons, ce sont là des fadaises, Rat, dit le procureur, vous ne pouvez pas vous échapper par ce trou, mon garçon ; il faut en venir au point avec moi, si vous voulez obtenir des faveurs. Donnez, on vous donnera, c’est ce qui fait les bons amis, comme vous savez. — Mais comment puis-je en venir au point, comme l’appelle Votre Honneur, » dit Ratcliffe sans s’émouvoir,