Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/123

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Quelque bonnes que fussent les intentions de Davie, il avait mal choisi son temps pour prononcer cette espèce d’anathème contre la danse. Il opéra un changement dans les sentiments d’Effie, et la détourna de s’ouvrir à sa sœur comme elle voulait le faire. « Elle me regarderait comme la boue de ses souliers, se dit-elle, si elle savait que j’ai dansé quatre fois avec lui sur la prairie, et une fois chez Maggie Macqueen ; elle me menacerait de le dire à mon père et deviendrait tout à fait maîtresse. Mais je n’y retournerai plus, c’est bien décidé ; je plierai une feuille dans ma Bible[1], et ce sera comme si j’avais fait serment de n’y plus aller. » Et elle tint parole toute une semaine, pendant laquelle elle fut d’une maussaderie singulière et d’une humeur chagrine qu’on ne voyait chez elle que lorsqu’elle éprouvait quelque contradiction.

Il y avait dans cette conduite quelque chose de mystérieux et d’autant plus inquiétant pour la tendre et affectueuse Jeanie, qu’elle aurait cru mal agir envers sa sœur en confiant à leur père

  1. Cet usage populaire de faire une marque en pliant une feuille de la Bible quand on a pris une résolution ferme, est encore regardé en Écosse comme une manière de prendre le ciel à témoin de sa sincérité. a. m.