Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tr’ouverte pour dévorer les fils apostats d’Israël, mais le coup fatal qui a terminé l’existence de ce scélérat a été porté, autant qu’on peut le savoir maintenant, par l’entremise directe d’un mauvais esprit que le misérable avait lui-même évoqué par ses artifices : cet esprit, à ce qu’il semble, d’après le témoignage d’une noble dame et d’autres femmes qui ont assisté à sa mort, a étranglé Agelastès : destin bien digne de ses crimes odieux. Une telle mort, même subie par un coupable, a dû nécessairement être bien pénible à l’humanité de l’empereur, parce qu’elle implique des souffrances au delà de ce monde. Mais cette terrible catastrophe porte avec elle cette consolation, qu’elle dispense l’empereur de porter plus loin une vengeance que le ciel lui-même semble avoir limitée à la punition exemplaire du principal conspirateur. Quelques changements de places et d’emplois seront faits dans l’intérêt de la sûreté et du bon ordre. Mais le secret de savoir quels sont ceux qui ont ou qui n’ont pas pris part à ce grand crime dormira dans le sein des criminels eux-mêmes, puisque l’empereur a résolu de bannir leur faute de son souvenir, comme n’étant l’effet que d’une illusion momentanée. Que tous ceux qui m’entendent, quelque part qu’ils aient prise au projet dont l’exécution devait avoir lieu aujourd’hui, retournent chez eux, assurés que leurs propres pensées seront leur seule punition. Qu’ils se réjouissent de ce que la bonté toute-puissante les a préservés des méditations de leurs cœurs ; et, suivant le langage touchant de l’Écriture, qu’ils se repentent et ne pèchent plus, de crainte que pire ne leur arrive.

La voix du héraut se tut, et les acclamations de l’auditoire y répondirent encore. Elles étaient unanimes, car tout se réunissait pour convaincre les mécontents qu’ils étaient à la merci de leur souverain, et l’édit qu’ils venaient d’entendre montrant qu’il connaissait leur crime, il ne tenait qu’à lui d’employer contre eux les armes des Varangiens, tandis que, d’après la manière dont il lui avait plu de recevoir Tancrède, il était probable que les épées des soldats apuliens étaient aussi à sa disposition.

Les voix du gigantesque Stéphanos, d’Harpax le centurion, et d’autres rebelles, tant du camp que de la ville, furent donc les premières à exprimer bruyamment leur gratitude pour la clémence de l’empereur, et leurs actions de grâces au ciel pour sa conservation.

Cependant l’assemblée, une fois convaincue que la conspiration était découverte et déjouée, commença, suivant l’usage, à tourner