Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/151

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étrangers, dont l’un eut un bras cassé dans la rencontre, et l’autre la clavicule disloquée.

La vie de chevalier errant que menait le comte Robert ne fut pas interrompue par son mariage : au contraire, quand il était appelé à soutenir sa réputation, sa femme se faisait remarquer par des exploits non moins nombreux, et brûlait d’une soif de renommée égale à celle de son mari.

Tous deux prirent en même temps la croix, car c’était alors la folie dominante en Europe.

La comtesse Brenhilda avait alors plus de vingt-six ans, et était aussi belle que peut l’être une amazone. Comme femme, sa taille était des plus grandes, et sa noble figure, malgré ses fatigues guerrières, n’était que légèrement hâlée par le soleil, et cette teinte brune elle-même faisait ressortir la blancheur éblouissante des parties de son visage qui n’étaient pas ordinairement découvertes.

En donnant des ordres pour que sa suite revînt à Constantinople, Alexis parla en particulier à l’Acolouthos Achille Tatius. Le satrape, pour toute réponse, inclina la tête avec soumission et se sépara avec quelques hommes du corps principal qui formait le cortège de l’empereur. La principale route qui conduisait à la ville était, comme on peut le croire, remplie de troupes et d’une immense multitude de spectateurs, qui tous souffraient plus ou moins de la poussière et de la chaleur.

Le comte Robert de Paris avait embarqué ses chevaux et toute sa suite, à l’exception d’un vieil écuyer son valet, et d’une suivante de sa femme. Il se trouva plus gêné dans la foule qu’il ne l’aurait voulu, d’autant plus que son épouse en souffrait autant que lui ; il commença donc à regarder à travers les arbres épars qui bordaient les côtes presque jusqu’à l’endroit où montait la marée, pour voir s’il ne découvrirait pas un sentier qui les conduisît moins directement, mais d’une manière plus agréable, à la ville, et qui en même temps, ce qui était le principal motif de leur expédition dans l’Orient, pût leur offrir des spectacles étranges ou des aventures chevaleresques. Un chemin large et battu se présenta bientôt et sembla leur promettre toutes les jouissances qu’un ombrage peut procurer dans un climat chaud. Le terrain au milieu duquel il serpentait était agréablement varié par des temples, des églises, des kiosques ; et çà et là une fontaine distribuait son onde argentine, comme un individu bienfaisant qui, se refusant tout à lui-même,