Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/440

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ce qui se passait… « Elle est en sûreté, si la bannière de Douglas peut la protéger… Oui, en sûreté, et elle deviendra riche. Douglas peut donner de l’or à ceux qui l’estiment plus que l’honneur. — Quant à sa sûreté, milord, que les remercîments sincères et les bénédictions d’un père accompagnent le noble Douglas ! quant à la richesse, nous sommes assez riches… de l’or ne pourrait me rendre mon fils chéri. — Des merveilles ! dit le comte… Un vilain refuse la noblesse… un citoyen dédaigne l’or ! — Avec la permission de Votre Seigneurie, dit sir Patrick, moi qui suis noble et chevalier, je prends la liberté de soutenir qu’un homme aussi brave qu’Henri du Wynd peut rejeter des titres d’honneur… et qu’un homme aussi honnête que ce respectable citoyen peut mépriser l’or. — Vous faites bien, sir Patrick, de parler pour votre ville, et je ne m’en fâche pas, répondit Douglas ; je ne force personne à recevoir mes bontés. Mais, » ajouta-t-il à l’oreille d’Albany, « Votre Grâce ferait bien d’éloigner le roi de ce sanglant spectacle ; car il faut qu’il sache ce soir ce qui sera connu dans toute l’Écosse, quand l’aurore de demain luira. Cette querelle est finie. Cependant je suis affligé moi-même que tant de braves Écossais gisent ici, dont le courage aurait pu décider plus d’un combat douteux en faveur de leur pays. »

Il ne fut pas facile d’entraîner Robert hors de la lice ; et des larmes coulaient sur sa vieille figure et sur sa barbe blanche, tandis qu’il conjurait les assistants, nobles et prêtres, qu’on prît soin des corps et des âmes du petit nombre des survivants, et qu’on rendît solennellement aux morts les devoirs funèbres. Les prêtres qui étaient présents promirent de se charger de ce double devoir, et remplirent leurs engagements avec non moins de fidélité que de noblesse.

Ainsi finit ce célèbre combat ; de soixante-quatre braves, y compris les ménestrels et les porte-étendards qui parurent vaillamment dans la lice, sept seulement survécurent ; sept qui furent emportés hors du champ de bataille sur des litières, dans un état peu différent des morts et des mourants étendus autour d’eux, et qui furent aussi enlevés comme eux. Éachin seul avait quitté la lice sans blessure et sans honneur.

Il ne reste plus qu’à dire que pas un homme du clan de Quhele ne survécut à ce combat sanglant, excepté le chef fugitif ; la conséquence de la défaite fut la dissolution de cette confédération. Les clans qui en faisaient partie ne sont plus aujourd’hui qu’un