Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/399

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prochent maintenant. Si vous ne voulez pas me promettre le silence, je défendrai ce château jusqu’à la mort, et je vous précipiterai du haut de ces murailles. Oui, regardez-les… ce n’est pas un saut auquel on puisse s’exposer sans motif. Sept escaliers vous ont conduite ici fatiguée et hors d’haleine ; mais vous descendrez du haut de cette plate-forme en bas en moins de temps qu’il ne vous en faudrait pour pousser un soupir. Parlez, belle fille, car vous parlez à un homme qui ne vous veut pas de mal, mais qui est inébranlable dans sa résolution. »

Catherine resta immobile, saisie d’épouvante, et n’ayant pas la force de répondre à un homme aussi désespéré ; mais elle fut délivrée de la nécessité de parler par l’arrivée de Dwining. Il s’adressa à Ramorny avec cette humilité obséquieuse qui, dans tous les temps, distinguait ses manières, et avec ce sourire ironique comprimé qui donnait un démenti à ses manières.

« J’ai grand tort, noble sire, dit-il, d’interrompre Votre Vaillance quand elle est occupée avec une belle damoiselle. Mais j’ai une petite question à faire à Votre Vaillance. — Parle, bourreau, répondit Ramorny ; de mauvaises nouvelles sont un sujet de joie pour toi quand elles te regardent, à plus forte raison quand elles concernent les autres. — Hem !… hé, hé !… Je voulais seulement savoir si Votre Honneur s’était chargé de la tâche chevaleresque de défendre le château avec sa seule main… pardon… je voulais dire avec la seule force de son bras. La question n’est pas inutile ; car je ne puis guère servir à la défense, à moins que vous ne puissiez décider les assaillants à prendre médecine. Hé, hé, hé ! Bonthron est ivre autant qu’homme peut le devenir, à l’aide de l’ale et des liqueurs fortes… et vous, lui et moi, nous formons toute la garnison qui soit disposée à la résistance. — Comment ?… ces autres chiens ne se battront-ils pas ? dit Ramorny. — Je n’ai jamais vu de gens qui eussent si peu de cœur à l’ouvrage ; non, jamais, répondit Dwining. En voici deux. Venit extrema dies… hé, hé ! »

Éviot et son compagnon Buncle s’approchèrent, l’air sombre et résolu, comme des hommes qui se sont décidés à refuser obéissance à l’autorité à laquelle ils ont obéi depuis long-temps. — Que signifie cela ? » dit Ramorny en s’avançant à leur rencontre. « Pourquoi quittez-vous votre poste ? pourquoi avez-vous abandonné le haut de la tour, Éviot ?… Et vous, Buncle, ne vous avais-je pas chargé de veiller aux mangonneaux ? — Nous avons quelque chose