Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/396

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dèrent d’un air consterné, et se rendirent ensemble à l’humble appartement de Catherine, afin de la surprendre à l’improviste, et de lui faire subir un interrogatoire relatif à la disparition de Louise.

« Où est votre compagne, jeune femme ? » dit Ramorny d’un ton sévère.

« Je n’ai pas de compagne ici, répondit Catherine. — Ne plaisantez pas, dit le chevalier ; je parle de la chanteuse qui habitait dans cette chambre avec vous. — Elle est partie, à ce qu’on dit, répliqua Catherine… il y a environ une heure. — Et où est-elle allée ? demanda Dwining. — Comment saurais-je quel chemin peut avoir choisi une femme vagabonde de profession ? Elle s’ennuyait sans doute d’une vie solitaire, si différente de l’existence joyeuse propre à son métier. Elle est partie ; et la seule chose qui m’étonne, c’est qu’elle soit restée si long-temps. — C’est là tout ce que vous avez à nous dire ? — Tout ce que j’ai à vous dire, sir John, » répondit Catherine avec fermeté. « Et si le prince lui-même m’interrogeait, je ne pourrais lui en dire davantage. — Il n’est pas probable qu’il vous accorde une seconde fois l’honneur de vous parler en personne, dit Ramorny, quand même l’Écosse échapperait au malheur dont elle est menacée par la funeste maladie du prince. — Le duc de Rothsay est-il si mal ? demanda Catherine. — Il n’a plus de secours à attendre que du ciel, » répondit Ramorny en levant les yeux vers le plafond.

« Puisse-t-il y trouver assistance, dit Catherine, si l’assistance des hommes est insuffisante. — Amen, » répondit Ramorny avec un sang-froid imperturbable pendant que Dwining donnait à sa physionomie une expression correspondante, quoiqu’il parût avoir besoin d’un grand effort sur lui-même pour comprimer le sourire ironique et triomphant qu’excitait chez lui tout discours qui avait une tendance religieuse.

« Et ce sont des hommes… des hommes de la terre, et non pas des démons incarnés qui en appellent ainsi au ciel pendant qu’ils boivent goutte à goutte le sang de leur infortuné maître ! » se dit en elle-même Catherine, pendant que les deux questionneurs trompés sortaient de la chambre. « Pourquoi la foudre sommeille-t-elle ? Mais elle grondera avant peu, et plaise à Dieu que ce soit pour sauver autant que pour punir ! »

L’heure du dîner amena seule un instant, où, tout le monde dans le château étant occupé de son repas, Catherine pensa que