Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/392

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rapidité, que Catherine pouvait à peine les comprendre. « J’étais allée chercher des fleurs pour orner la table, parce que vous aviez dit hier que vous les aimiez… mon pauvre petit chien s’enfonça dans un buisson d’ifs et de houx qui croissent sur de vieilles ruines près des murs du château, et il revint à moi en jappant et en grognant. Je m’avançai pour voir quelle en pouvait être la cause, et j’entendis un gémissement, comme celui d’un homme à l’agonie, mais si faible qu’il semblait sortir des entrailles même de la terre ; enfin je découvris qu’il partait d’une petite fente dans le mur, qui était recouverte de lierre. J’appliquai mon oreille à l’ouverture, et j’entendis la voix du prince prononcer distinctement : « Je ne puis plus aller long-temps ! » et elle murmura quelque chose qui semblait être une prière. — Miséricorde céleste !… Lui avez-vous parlé ? — Je lui ai dit : Est-ce vous, milord ? » et il m’a répondu : « Qui me donne ce nom par dérision ? » Je lui demandai si je pouvais le secourir ; et il me répondit d’une voix que je n’oublierai jamais… « Du pain… du pain… je meurs de faim !… » Je suis accourue pour vous dire cela… que faut-il faire ? Donnerons-nous l’alarme dans la maison ? — Hélas ! ce serait plutôt le moyen de hâter sa mort que de le sauver, répondit Catherine. — Et que ferons-nous donc ? — Je ne sais pas encore, » répliqua Catherine, prompte et hardie dans les occasions importantes, quoique inférieure à sa compagne pour imaginer les expédients dans des circonstances ordinaires. « Je ne sais pas encore, mais nous ferons quelque chose… Le descendant de Bruce ne mourra pas sans que nous tâchions de le secourir. »

En parlant ainsi, elle saisit le petit vase qui contenait leur soupe, et la viande qui avait servi à la faire, enveloppa dans son plaid quelques gâteaux qu’elle avait fait cuire, et ordonnant à sa compagne de prendre une jatte de lait qui devait aussi faire partie de leur dîner, et de la suivre, elle se dirigea vers le jardin.

« Ah, ah ! notre belle vestale va se promener, » dit le seul homme qu’elle rencontra ; c’était un domestique de la maison ; mais Catherine passa sans lui répondre, et arriva au petit jardin sans autre interruption.

Louise lui indiqua un tas de ruines recouvert par des broussailles, et tout près du mur du château. C’étaient sans doute les ruines d’un bâtiment en saillie, et dans lequel venait aboutir l’étroit passage qui communiquait au cachot, et qui avait été pratiqué pour y donner de l’air. L’ouverture avait été un peu