Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/383

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éviter la peine à Votre Altesse, » dit le médecin avec son rire ordinaire.

« Non, non, dit Rothsay ; je n’aurai jamais besoin de ton aide. Et dis-moi maintenant… Quel air ai-je, ainsi arrangé sur le lit ? ressemblé-je bien à une dame languissante ? — Vous avez le teint un peu trop beau et les traits trop doux, pour ressembler à lady Marjory Douglas, si j’ose parler ainsi, répondit le médecin. Éloigne-toi, drôle, et fais entrer cette belle statue ; ne crains pas qu’elle se plaigne que je suis efféminé ; et toi, Ramorny, sors aussi. »

Comme le chevalier quittait la chambre par une porte, la fausse vieille introduisait Catherine Glover par l’autre. La pièce était tellement sombre que Catherine vit une femme étendue sur le lit, sans concevoir aucun soupçon. — Est-ce là cette jeune fille ? » demanda Rothsay d’une voix qui était naturellement douce, et qu’il eut soin d’adoucir encore ; « qu’elle approche, Grisalda, et vienne nous baiser la main. »

La feinte nourrice conduisit la jeune fille, tremblante, auprès du lit, et lui fit signe de s’agenouiller ; Catherine le fit, et baisa, avec respect et simplicité, la main couverte d’un gant que lui présenta la fausse duchesse.

« Rassurez-vous, dit la même voix harmonieuse ; vous voyez en moi un triste exemple de la vanité des grandeurs humaines. Heureux, mon enfant, ceux que leur rang place au-dessus des orages politiques ! »

En parlant ainsi, Rothsay jeta ses bras autour du cou de Catherine, et l’attira à lui, comme pour lui donner une preuve de bienveillance en l’embrassant. Mais le baiser fut appliqué avec une ardeur qui dépassait tellement le rôle de protectrice, que Catherine, croyant que la duchesse avait perdu l’esprit, poussa un cri.

« Paix, folle ! c’est moi, David de Rothsay. »

Catherine jeta un regard autour d’elle ; la nourrice était sortie, et le duc s’étant débarrassé de son déguisement, elle se vit au pouvoir d’un jeune libertin audacieux.

« Maintenant que le ciel me protège ! dit-elle ; et il me protégera si je ne m’abandonne point moi-même. »

Cette résolution s’étant présentée à son esprit, elle retint ses cris, et s’efforça de cacher ses craintes autant que possible.

« La plaisanterie est finie, » dit-elle avec autant de fermeté