Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/370

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ment dans le comté de Fife, où vous avez beaucoup d’amis, et je prendrais possession de Falkland. C’est un château royal ; et quoique le roi en ait fait don à votre oncle, quand même on ne pourrait pas contester cette concession, Votre Grâce peut bien se permettre de demeurer chez un si proche parent. — Il s’est bien permis autre chose avec moi, comme la terre de Reufrew peut le prouver. Mais n’ai-je pas entendu dire à Errol que lady Marjory Douglas, qu’on appelle duchesse de Rothsay, habite Falkland ? Je ne veux ni demeurer sous le même toit que cette dame, ni l’insulter en l’expulsant de son habitation. — Elle y était, milord ; mais je sais de bonne part qu’elle en est partie pour aller rejoindre son père. — Ah ! pour exciter Douglas contre moi ? ou peut-être pour lui demander de m’épargner, à condition que je viendrai à genoux la trouver dans son lit, comme les pèlerins disent que les émirs et les amiraux sont obligés de faire quand un soudan sarrasin leur accorde sa fille en mariage ? Ramorny, j’agirai d’après la maxime même de Douglas : « Il vaut mieux entendre chanter l’alouette que la souris crier. » Je tiendrai mes pieds et mes mains à l’abri des fers. — Nul endroit ne vous convient mieux que Falkland, répondit Ramorny ; j’ai assez d’hommes d’armes pour défendre la place ; et si Votre Altesse voulait le quitter, il faut très-peu de temps pour gagner la mer de trois côtés. — Cela est bien dit ; mais nous mourrons d’ennui là-bas. Pas de divertissements, pas de musique, pas de femmes ! Ah grand Dieu ! » s’écria le prince inconsidéré. — Pardon, noble duc ; quoique lady Majory Douglas en soit partie, comme une dame errante de roman, pour implorer l’appui de son illustre père, je puis dire qu’une femme plus aimable, et certainement plus jeune, se trouve maintenant à Falkland, ou, au moins, elle sera bientôt sur la route qui y conduit. Votre Altesse n’a pas oublié la Jolie Fille de Perth ? — Oublier la plus jolie fille d’Écosse ? Non, certes, pas plus que tu n’as oublié que tu as mis la main à l’expédition de Curfew-Street, la veille de la Saint-Valentin. — Que j’y ai mis la main ! Votre Altesse veut dire que je l’y ai laissée. Aussi vrai que je ne trouverai jamais cette main, Catherine Glover est ou sera bientôt à Falkland. Je ne veux point flatter Votre Altesse en vous disant qu’elle espère vous y trouver. À dire vrai, elle se propose de se mettre sous la protection de lady Majory. — La petite traîtresse ! dit le prince ; elle aussi se tourne contre moi ! Elle mérite punition, Ramorny. — Je pense que Votre