Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/313

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prétendît plus que ta conscience était sous la direction du père Clément. — Ce père Francis m’a pressée, à différentes fois, de converser sur des sujets sur lesquels il pensait que j’avais reçu des instructions du père Clément. Dieu me pardonne mon aveuglement ! Je suis tombée dans le piège, j’ai parlé librement ; et comme il répondait avec douceur, comme un homme disposé à se laisser convaincre, je défendis avec chaleur ma croyance. Mon confesseur ne reprit point son véritable rôle, et ne trahit point son secret dessein, jusqu’à ce que je lui eusse appris tout ce que j’avais à lui dire. Ce fut alors qu’il me menaça de peines dans cette vie et de la damnation dans l’autre. Si ses menaces ne s’étaient adressées qu’à moi, je serais demeurée ferme ; car j’aurais pu endurer la rigueur de ces peines dans ce monde, et je ne crois point à leur existence dans l’autre. — Pour l’amour de Dieu ! » dit le gantier, qui était presque hors de lui en voyant augmenter à chaque parole le danger où était sa fille, « prends garde de blasphémer la sainte Église, dont le bras est aussi prompt à frapper que l’oreille habile à entendre. — Pour moi, » dit la Jolie Fille de Perth, levant de nouveau les yeux au ciel, « les châtiments dont on me menaçait m’auraient peu effrayée ; mais quand ils ont parlé d’envelopper mon père dans la même accusation, j’avoue que j’ai tremblé, et que j’ai désiré accepter l’arrangement. Martha, l’abbesse du monastère d’Elcho, étant parente de ma mère, je lui contai mes malheurs, et j’en obtins la promesse qu’elle me recevrait si, renonçant à tout amour mondain, à toute pensée de mariage, je voulais prendre le voile dans son couvent. Elle eut sans doute une conversation sur ce sujet avec le dominicain Francis, et tous deux me chantèrent la même chanson. « Restez dans le monde, disaient-ils, et votre père et vous serez jugés comme hérétiques ; prenez le voile, et vos erreurs communes seront pardonnées et oubliées. » Ils ne me parlèrent même pas de rétracter mes opinions ; tout serait apaisé à cette unique condition. — Je n’en doute pas, je n’en doute pas, dit Simon ; le vieux gantier passe pour riche, et ses richesses suivraient sa fille au couvent d’Elcho, sauf ce que les dominicains pourraient réclamer pour leur part. Ainsi voilà toute ta vocation pour le cloître, toutes tes objections contre le mariage avec Henri ? — En vérité, mon père, tous les motifs possibles m’ont décidée à prendre cette résolution, et par moi-même je n’en étais pas éloignée. Sir John Ramorny m’a menacée de la terrible vengeance du jeune prince