Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/253

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High-Street, près de l’entrée du Wynd ; il paraît qu’il a été tué d’un coup violent assené avec une courte hache, par derrière et traîtreusement ; l’action qui a causé la mort ne peut être appelée qu’un meurtre horrible et prémédité ; en voilà assez pour le crime. Quant au criminel, on n’a contre lui que des indices : le révérend sir Louis Lundin a consigné dans son procès-verbal que plusieurs témoins dignes de foi ont vu notre défunt concitoyen Olivier Proudfute, jusqu’à une heure fort avancée, figurant dans la troupe des danseurs mauresques, jusqu’à la maison de Simon Glover, dans Curfew-Street, où ils exécutèrent encore une fois leur divertissement. Il est aussi attesté par témoins qu’en cet endroit il se sépara du reste de la troupe, après avoir parlé à Simon Glover, et donna rendez-vous à ses compagnons, à l’auberge du Griffon, pour y terminer la fête… Maintenant, Simon Glover, je vous demande si ce récit est exact en ce qui vous concerne, et de plus quel était le sujet de la conversation de feu Olivier Proudfute avec vous ? — Milord prévôt et très-honorable sir Patrick, vous et cette respectable assemblée, vous saurez que par suite de certains bruits qui avaient couru sur la conduite de Henri Smith, quelques mésintelligences s’étaient élevées entre moi, une autre personne de ma famille et ledit Smith, ici présent. Or, notre pauvre concitoyen défunt, Olivier Proudfute, s’étant employé activement à répandre ces bruits, car il n’était bon qu’à ces sortes de commérages, quelques mots furent échangés entre lui et moi sur ce sujet ; et, à ce que je pense, il me quitta dans l’intention d’aller visiter Henri Smith. Il avait dit adieu aux danseurs mauresques, en leur promettant de les retrouver à l’enseigne du Griffon, comme Votre Honneur l’a dit, pour y terminer la soirée. Mais ce qu’il fit en effet, je ne puis le dire, car je ne l’ai pas revu depuis ce moment. — Il suffit, dit sir Patrick : cela s’accorde avec tout ce que nous avons entendu… Après ce moment, dignes messieurs, nous trouvons notre pauvre concitoyen assailli par une bande de tapageurs et de masques, qui s’étaient assemblés dans High-Street. Il fut indignement maltraité par eux, contraint de se mettre à genoux dans la rue, et dans cette attitude, obligé à boire une quantité considérable de liqueur, jusqu’à ce qu’il se dérobât par la fuite. Cet acte de violence fut accompli par des hommes qui portaient des épées nues, et qui poussaient des cris et des imprécations si bruyantes qu’elles attirèrent l’attention de différentes personnes ; celles-ci, alarmées par le tumulte, se mirent à leurs