Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/187

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cun parti ; les règles de la chevalerie étaient à cette époque une plus sûre protection pour une fille d’un extérieur décent qu’une escorte d’hommes armés, les gens d’un parti étant toujours mécontents qu’on eût des amis dans l’autre. Mais des périls plus éloignés entouraient son esprit de crainte. La poursuite du prince licencieux devenait plus formidable par les menaces que son infâme conseiller Ramorny n’avait pas rougi de proférer contre le gantier. De pareilles menaces, à une telle époque et partant d’aussi haut, étaient de justes motifs d’alarmes. Catherine n’envisageait pas non plus sans effroi les prétentions que Conachar avait à peine cachées durant son état de servitude, et qu’il semblait alors avouer hardiment. Il y avait eu de fréquentes incursions de montagnards dans la ville de Perth, et des citoyens, en plus d’une occasion, avaient été arrachés de leurs maisons et faits prisonniers, ou étaient tombés sous la claymore dans les rues même de leur cité. Elle redoutait aussi l’importunité de son père au sujet de l’armurier, sur la conduite duquel, pendant le jour de Saint-Valentin, de mauvais bruits étaient parvenus jusqu’à elle ; d’ailleurs, la réputation du forgeron eût-elle été sans tache, Catherine n’eût osé accueillir aucun amour, tant que les menaces de Ramorny retentissaient à son oreille. Elle songeait à ces différents périls avec les plus vives craintes et un ardent désir de s’y soustraire en se réfugiant dans un cloître, mais elle ne voyait pas possibilité d’obtenir le consentement de son père pour le seul asile où elle espérait trouver paix et protection.

Dans le cours de ces réflexions nous ne saurions dire si elle était fâchée que tous ces périls l’environnassent, parce qu’elle était la Jolie Fille de Perth ; c’était un signe qui montrait qu’elle n’était pas tout à fait un ange ; et peut-être en était-ce un autre, qu’en dépit des délits vrais ou faux d’Henri Smith, un soupir s’échappât de son sein quand elle pensait au commencement du jour de la Saint-Valentin.