Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/166

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Le roi, ainsi pressé, avait peu de chose à dire contre une coutume aussi profondément gravée dans les lois du royaume et les usages de la chevalerie, que le jugement par combat. Et il répondit seulement : « Dieu sait que je n’ai jamais accordé de semblables permissions qu’avec la plus vive répugnance, et que je n’ai jamais vu des hommes se battre à mort, sans souhaiter de pouvoir arrêter l’effusion du sang en versant le mien. — Mais, mon gracieux seigneur, dit le prieur, il me semble que si nous n’adoptons pas quelque mesure analogue à celle que propose milord d’Albany, il nous faut recourir à celle de Douglas ; c’est-à-dire nous en remettre aux chances douteuses d’une bataille, avec la certitude de perdre beaucoup d’excellents sujets, et faire avec les épées de vos sujets de la plaine, ce qu’autrement ces sauvages montagnards feront de leurs propres mains… Que dit milord de Douglas du plan proposé par Sa Grâce d’Albany ? — Douglas, dit l’orgueilleux lord, n’a jamais conseillé de faite par intrigues ce qu’on pouvait exécuter par la force ouverte. Il demeure dans sa première opinion, et marchera volontiers à la tête de ses gens, et de ceux des barons du Perthshire et du Carse ; également décidé à amener les Highlanders à la raison et à la soumission, ou à laisser le corps d’un Douglas au milieu de leurs solitudes. — C’est noblement parler, milord de Douglas, dit d’Albany ; et le roi ferait bien de s’en remettre à votre indomptable valeur et au courage de vos hardis vassaux. Mais ne voyez-vous point que bientôt vous pouvez être appelé ailleurs, où votre présence et vos services seront plus nécessaires encore à l’Écosse et à son roi ? N’avez-vous point remarqué le ton de mauvais augure avec lequel le comte de March a promis à notre monarque, ici présent, foi et fidélité, tant que le roi Robert serait son seigneur lige ? Et n’avez-vous pas pensé vous-même que le comte songeait à se soumettre à l’Angleterre ?… D’autres chefs, d’une puissance secondaire et d’une renommée inférieure, peuvent combattre les montagnards ; mais si Dunbar introduit Piercy et les Anglais sur nos frontières, qui les repoussera, si Douglas est ailleurs ? — Mon épée, répondit Douglas, est également aux ordres de Sa Majesté sur la frontière et dans les plus profondes retraites des montagnes. J’ai déjà vu le dos du fier Piercy et de George Dunbar, et je puis les voir encore. Si le bon plaisir du roi est que je prenne des mesures pour empêcher cette alliance probable de l’étranger et du traître, plutôt que de confier à une main subalterne et plus faible la tâche im-