Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/47

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car le son du cornet annonce que mon oncle, ou quelqu’un de mes jeunes parents, les a rejoints. Ils se dirigent en ce moment vers Geierstein, et, avec votre permission, je vais vous y conduire vous-même, car vous pouvez être certain que mon oncle Arnold ne vous laisserait pas continuer votre voyage aujourd’hui ; et nous ne ferions que perdre notre temps en voulant retrouver vos amis, qui, de l’endroit où vous dites les avoir laissés, arriveront à Geierstein plus tôt que nous. Suivez-moi donc, ou je supposerai que vous êtes déjà ennuyé de l’intérêt que je prends à vos jours. — Supposez plutôt que je suis ennuyé de la vie que votre intérêt pour moi a, selon toute apparence, sauvée, » répliqua Arthur. Et il se disposa à l’accompagner, en même temps qu’il examinait son costume et sa personne, qui accrurent encore la satisfaction qu’il ressentait d’avoir à suivre un tel guide, et que nous prendrons la liberté de détailler un peu plus minutieusement qu’il ne put alors le faire.

Un vêtement de dessus, ni assez étroit pour dessiner les formes, chose défendue par les lois somptuaires du canton, ni assez large pour embarrasser lorsqu’on voulait marcher ou gravir quelque roc, recouvrait une tunique moins ample encore, d’une couleur différente, et descendait jusqu’au milieu de la jambe, mais en laissant le bas, dans ses jolies proportions, complètement visible. Ses pieds étaient défendus par des sandales dont la pointe était retroussée, et les endroits où les cordons qui les attachaient sur le devant de la jambe venaient se croiser ou se réunir, brillaient de boucles d’argent. Son vêtement de dessus était serré autour de la taille par une ceinture en soie de différentes couleurs, ornée de torsades d’or entrelacées, tandis que la tunique ouverte à la gorge laissait voir le contour élégant et la blancheur d’un cou bien formé, outre un pouce ou deux plus bas. La petite portion de la gorge et du sein, ainsi exposée aux regards, était même plus splendidement belle que ne le promettait la figure, qui portait les preuves de l’influence du soleil et de l’air, non pas au point d’en diminuer la beauté, mais précisément assez pour montrer que la jeune fille possédait cette santé qu’on achète par l’habitude des exercices de la campagne. Ses longs et beaux cheveux tombaient en boucles abondantes des deux côtés d’un visage dont les yeux bleus, les aimables traits et la noble simplicité d’expression annonçaient à la fois un caractère d’une ineffable douceur et la hardiesse confiante d’un esprit trop vertueux pour soupçonner le mal et trop