Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/461

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un fou rire plus gaîment d’une plus mauvaise plaisanterie, que vous ne riez, vous homme sage, de la perte de la principale ville d’une province pour laquelle nous combattons. — Je ris, répliqua Campo-Basso, au milieu des lances, comme mon cheval de bataille gambade… ah ! ah !… au milieu des trompettes. Je ris encore du plaisir que nous aurons à détruire l’ennemi, et à partager le butin, comme des aigles crient de joie en faisant le partage de leur proie ; je ris… — Vous riez, » dit le sir de Contay s’impatientant, « quand il n’y a que vous qui trouviez à rire, comme vous faisiez après nos pertes de Granson et de Murten, — Paix, monsieur ! dit le duc. Le comte de Campo-Basso envisage la chose absolument comme moi. Ce jeune chevalier errant s’aventure à quitter la protection de ses montagnes ; et que le Ciel ne me pardonne pas de manquer à mon serment, lorsque je jure que le premier champ de bataille où nous nous rencontrerons verra l’un de nous deux mort ! Nous sommes dans la dernière semaine de la vieille année, et avant les Rois nous verrons qui de nous deux trouvera la fève dans le gâteau… Aux armes, messeigneurs ! que notre camp soit aussitôt levé, et que nos troupes se dirigent vers la Lorraine. Envoyez en avant la cavalerie légère italienne et albanaise, ainsi que les stradiotes, pour balayer d’avance le pays… Oxford, tu porteras les armes dans cette campagne, n’est-ce pas ? — Sûrement, répondit le comte. Je mange le pain de Votre Altesse ; et quand des ennemis vous attaquent, l’honneur m’ordonne de combattre pour votre cause comme si j’étais né votre sujet. Avec la permission de Votre Altesse, j’enverrai un poursuivant d’armes porter une lettre à mon ancien et cher hôte, le landamman d’Unterwalden pour l’informer de ma résolution. »

Le duc donna sans peine son assentiment, et le poursuivant, qui partit aussitôt, revint au bout de peu d’heures, tant les ennemis s’étaient rapprochés les uns des autres. Il rapportait une lettre du landamman, lettre conçue en termes polis et même affectueux, où il exprimait combien il était affligé qu’une cause sacrée le forçât de porter les armes contre son nouvel ami, pour lequel il disait avoir conçu beaucoup d’estime. Le même poursuivant eut aussi à offrir les compliments de la famille des Biederman à leur ami Arthur, et une lettre séparée à lui remettre, laquelle contenait ce qu’on va, lire :

« Rudolphe Donnerhugel désire donner au jeune marchand Arthur Philipson une occasion de finir le marché qui est resté jadis en