Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/372

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à mort un noble chevalier qui en était le commandant ?… Toutes ces actions sont contraires au droit des gens, et méritent à jamais la punition dont vous avez été menacés, mais dont notre gracieux souverain vous dispensera, j’espère, si vous donnez quelque excuse passable pour une insolence si inconcevable, avec offre de vous soumettre, comme il est juste, au plaisir de Son Altesse, et de faire une réparation satisfaisante pour une si grande injure. — Vous êtes prêtre, grave seigneur ? » répondit Rodolphe Donnerhugel en s’adressant au chancelier de Bourgogne. « S’il y a dans cette assemblée un soldat qui veuille soutenir votre accusation contre nous, je le défie au combat singulier, d’homme à homme. Nous n’avons pas pris d’assaut la citadelle de La Ferette… Nous avons été admis dans l’intérieur de la place d’une manière pacifique, et là subitement entourés par les soldats de feu Archibald d’Hagenbach, avec dessein manifeste de nous assaillir et de nous massacrer, en dépit de notre mission de paix ; et alors je vous assure que vous auriez ouï parler d’autres morts que la nôtre ; mais une émeute éclata soudain parmi les habitants de la ville, assistés, je crois, par plusieurs voisins à qui l’insolence et l’oppression d’Archibald d’Hagenbach étaient devenues odieuses, comme à tous ceux sur qui s’étendait son autorité. Nous ne leur avons prêté aucun secours ; et, j’aime à le croire, on ne devait pas s’attendre que nous intervinssions en faveur de gens qui s’étaient tenus prêts à nous faire le plus mauvais parti. Mais aucune pique, aucune épée appartenant à nous ou aux hommes de notre suite n’a trempé dans le sang bourguignon. Archibald d’Hagenbach a péri, il est vrai, sur un échafaud, et je l’ai vu mourir avec plaisir d’après un arrêt rendu par une cour compétente, reconnue comme telle en Westphalie et dans ses dépendances de ce côté-ci du Rhin. Je ne suis pas obligé de justifier ses procédures ; mais je déclare que le duc a reçu la preuve irrécusable de sa sentence régulière, et enfin qu’elle était vraiment méritée pour oppression, tyrannie et abus d’autorité ; je le soutiendrai contre tous ceux qui diront le contraire. Voici mon gant. »

Et confirmant par une action le langage qu’il venait de tenir, le fier Helvétien jeta son gant droit au milieu de la salle. Entraînés par l’esprit du siècle, par l’amour qu’il entretenait de se distinguer dans les armes, et peut-être par le désir de gagner la faveur du duc, tous les jeunes Bourguignons se levèrent subitement pour accepter le défi, et plus de sept ou huit gants furent aussitôt jetés par les jeunes chevaliers présents ; ceux qui étaient plus éloignés les