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pieds étaient construits en pierres de taille carrées, et d’une grande épaisseur. Cette imposante cité était entourée en dehors par des montagnes couvertes de vignobles, tandis qu’à l’intérieur des murailles s’élevaient les tours de nombreux édifices publics et particuliers, ainsi que les clochers de magnifiques églises et de riches couvents qui attestaient l’opulence et la dévotion de la maison de Bourgogne.

Lorsque les trompettes de l’escorte du duc eurent averti la garde bourgeoise qui gardait la porte Saint-Nicolas, on vit le pont-levis s’abaisser, la herse se lever, et le peuple poussa des cris de joie ; les fenêtres furent tendues en tapisseries, et tandis que Charles lui-même au milieu de son cortège avançait monté sur un cheval blanc comme lait, accompagné seulement de six pages âgés de moins de quatorze ans, avec chacun une pertuisane d’or à la main, les acclamations avec lesquelles il était accueilli de toute part montraient que, si des actes d’une trop grande rigueur avaient diminué sa popularité, il lui en restait assez néanmoins pour rendre sa réception dans la capitale décente du moins, si elle n’excitait point l’enthousiasme. Il est probable que la vénération attachée à la mémoire de son père détruisit long-temps les effets défavorables que plusieurs de ses actions devaient produire sur l’esprit du public.

Le cortège s’arrêta devant un large édifice gothique au centre de Dijon. On l’appelait alors la maison du Duc, de même qu’après la réunion de la Bourgogne à la France on la nomma maison du Roi. Le maire de Dijon se tenait sur les degrés de ce palais, entouré des magistrats ses collègues, qu’escortaient une centaine de bons bourgeois habillés de velours noir et tenant des demi-piques en main. Le maire s’agenouilla pour baiser l’étrier du duc, et au moment où Charles descendit de cheval, toutes les cloches de la ville commencèrent à sonner avec un tel fracas, qu’elles auraient pu réveiller les morts qui dormaient dans le voisinage de chaque clocher d’où partait ce bruyant concert. Au son de cette assourdissante musique, le duc entra dans la grande salle de l’édifice à l’extrémité de laquelle était élevé un trône pour le souverain, avec des sièges pour les officiers d’état et les grands vassaux les plus distingués, et des bancs par derrière pour les personnes de moindre qualité. Sur un de ces bancs, mais à une place d’où il pouvait apercevoir toute l’assemblée, aussi bien que le duc lui-même, Colvin fit asseoir le noble Anglais ; et Charles, dont les yeux sombres et vifs parcoururent rapidement le cercle lorsque tout le monde fut