Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/361

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jeuner, une bruyante fanfare de trompettes annonça que le duc, avec son escorte et sa suite, montait à cheval. Philipson, comme on le nommait encore, fut gratifié, au nom de Charles, d’un magnifique coursier, et se mêla avec Colvin au superbe cortège qui commençait à se réunir devant le pavillon du duc. Au bout de quelques minutes le duc lui-même sortit dans le riche costume de l’ordre de la Toison-d’Or dont son père Philippe avait été le fondateur, et dont Charles était lui-même le patron et le chef. Plusieurs de ses courtisans portaient des robes non moins magnifiques ; et les officiers, les gens de leur suite déployaient une richesse et une pompe qui confirmaient la réputation qu’avait le duc de Bourgogne d’entretenir la cour la plus brillante de toute la chrétienté. Les officiers de sa maison suivaient chacun à leur poste avec des hérauts et des poursuivants d’armes, dont les habits riches mais grotesques faisaient un singulier effet auprès des aubes et des dalmatiques du haut clergé, ainsi que des armures des chevaliers et des vassaux de la couronne. Entre ces derniers, qui étaient tous diversement équipés suivant le caractère différent de leur service, venait Oxford, mais en costume bourgeois, costume qui n’était ni trop simple pour être déplacé au milieu d’une pareille pompe, ni trop riche pour attirer un degré d’attention spécial et particulier. Il marchait à côté de Colvin ; sa large figure musculaire et ses traits fortement prononcés formaient un bizarre contraste avec l’air grossier et insouciant, avec la figure bouffie et joviale du moins illustre officier de fortune.

Au milieu de ce cortège rangé sur deux lignes, dont la marche était fermée par un corps de deux cents arquebusiers d’élite, espèce de soldats qui commençaient à devenir communs, et d’autant d’hommes d’armes montés, le duc et sa suite quittant les barrières du camp se dirigèrent vers la ville ou plutôt vers la cité de Dijon, alors capitale de toute la Bourgogne.

C’était une ville bien munie de remparts et de fossés, lesquels étaient remplis au moyen d’une petite rivière nommée l’Ouche, qui mêle tout exprès ses eaux à un torrent appelé le Juzon. Quatre portes défendues par les barbacanes, les ouvrages extérieurs et les ponts-levis d’usage, correspondaient presque aux quatre points cardinaux du cercle et donnaient entrée dans la ville. Le nombre des tours qui s’élevaient au dessus des murailles et les défendaient aux différents angles était de trente-trois, et les murs eux-mêmes qui, en beaucoup d’endroits, atteignaient une hauteur de trente