Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/315

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En parlant ainsi, Annette disparut, après avoir indiqué à Philipson le passage qui le conduirait dans la cour basse du château. Là était son coursier prêt parmi une vingtaine d’autres ; douze d’entre eux étaient équipés de selles de guerre et de fronteaux à l’épreuve, destinés à l’usage d’autant de cavaliers, vassaux de la famille d’Arnheim, que les efforts du sénéchal étaient parvenus à rassembler eu toute hâte ; deux palefrois, assez remarquables par l’élégance de leur harnais, attendaient Anne et sa suivante favorite. Les autres domestiques, qui presque tous étaient des femmes et de jeunes garçons, avaient des chevaux inférieurs. Au signal donné, les hommes d’armes prirent leurs lances et mirent le pied dans l’étrier, attendant que les femmes et les domestiques fussent montés et rangés en ordre : ils se mirent alors en selle et commencèrent leur marche, mais lentement et avec beaucoup de précaution. Schreckenwald conduisait l’avant-garde ayant Arthur Philipson à son côté. Anne et sa soubrette occupaient le centre de la petite troupe, suivies des pacifiques serviteurs, tandis que deux ou trois cavaliers expérimentés formaient l’arrière-garde avec ordre d’empêcher soigneusement toute surprise.

Quand on se fut mis en mouvement, la première chose qui étonna Arthur fut que les pieds des chevaux ne produisaient plus ce bruit aigu et sonore qu’occasionne le choc du fer sur les cailloux ; et comme le jour augmentait, il put remarquer que les sabots et les fers de chaque animal, le sien compris, avaient été soigneusement enveloppés d’une quantité suffisante de laine pour empêcher le bruit ordinaire qui accompagne leur marche. C’était une singulière chose que de voir le petit corps de cavalerie descendre la route pierreuse qui conduisait au château, sans entendre retentir ces sons que nous sommes habitués à considérer comme inséparables de la marche d’un cheval, et leur absence semblait donner une apparence particulière et surnaturelle à la cavalcade.

Ils parcoururent de la sorte le sentier tortueux qui menait du château d’Arnheim au village voisin, et ce village, suivant l’ancienne coutume féodale, était tellement près de la forteresse, que les habitants, lorsque le seigneur les appelait, pouvaient aussitôt accourir à sa défense ; mais il était occupé pour le moment par des personnes d’un autre genre, par les soldats révoltés du rhingrave. Quand les fugitifs venant d’Arnheim arrivèrent à l’entrée du village, Schreckenwald d’un signe ordonna qu’on fît halte, et fut aussitôt obéi par les gens de la suite. Il courut alors lui-même en avant