Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/313

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vous voulez tenir vos belles promesses. Il est temps de monter en selle, et nous n’attendrons pas les traînards. »

Arthur se jeta en bas de son lit et fut prêt en un instant : il n’oublia point de mettre sa cotte de mailles, et de prendre les armes qui semblaient le plus propres à l’empêcher d’être inutile dans l’escorte. Il se hâta ensuite de descendre à l’écurie pour préparer son cheval. Se dirigeant donc vers l’étage inférieur qui s’étendait sous les corps principaux du vaste bâtiment, il errait dans l’incertitude du chemin qu’il devait suivre, lorsque la voix d’Annette Veilchen se fit doucement entendre : « Par ici, signor Philipson ; je voudrais vous parler. »

La jeune Suissesse lui indiqua en même temps une petite chambre où il la trouva seule.

« N’avez-vous pas été surpris, dit-elle, de voir madame exercer un tel empire sur Ital Schreckenwald, qui inspire tant de crainte à tout le monde avec ses farouches regards et ses dures paroles. Mais l’air de commandant paraît lui être si naturel, qu’au lieu d’être baronne, elle aurait bien pu être impératrice. Cela doit tenir de la naissance, après tout, je crois, car j’ai essayé la nuit dernière de prendre un air imposant à la manière de ma maîtresse, et, vous l’imagineriez-vous, la brute de Schreckenwald m’a menacée de me jeter par la fenêtre ? Mais si jamais je revois Louis Sprenger, je saurai s’il y a de la force dans un bras suisse et de la vertu dans un gourdin helvétique… Mais je reste là à bavarder, et madame souhaite vous voir une minute avant de monter à cheval. — Votre dame ? » dit Arthur en tressaillant ; « pourquoi avez-vous perdu un moment ?… pourquoi ne me l’avoir pas dit ? » — Parce que j’étais seulement chargée de vous faire attendre ici jusqu’à ce qu’elle vînt… et la voici. »

Anne de Geierstein entra en costume complet de voyage.

Annette, toujours disposée à faire pour les autres ce qu’elle aurait voulu qu’on fît pour elle, allait quitter l’appartement, lorsque sa maîtresse, qui avait probablement arrêté d’avance ce qu’elle devait dire, lui commanda positivement de rester. — Je suis sûre, dit-elle, que le signor Philipson comprendra bien les sentiments d’hospitalité… je dirai même d’amitié… qui m’ont empêchée de souffrir qu’on l’expulsât de mon château la nuit dernière, et qui m’ont déterminée ce matin à lui permettre de m’accompagner sur la périlleuse route de Strasbourg. À la porte de cette ville nous nous quitterons, moi, pour rejoindre mon père, vous, pour vous