Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/31

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d’Einsiedlen ; et pendant qu’il parlait, le château, les rochers, les bois et les précipices s’évanouirent de nouveau dans le brouillard. Mais à l’instant où il terminait son récit par le miracle qui rendit l’enfant aux bras de son père, il s’écria tout-à-coup : « Prenez garde à vous, l’ouragan !… l’ouragan !… » L’ouragan arriva en effet, et balayant le brouillard devant lui, rendit aux voyageurs la vue des magnifiques horreurs qui les entouraient.

— Oui ! » continua Antonio d’un air triomphant, lorsque le vent s’abattit, « le vieux Ponce n’aime guère à entendre parler de Notre-Dame d’Einsiedlen, mais elle saura bientôt lui tenir tête… Ave Maria ! — Cette tour, dit le jeune voyageur, paraît inhabitée. Je ne puis apercevoir de fumée, et les créneaux semblent être en ruine. — Elle n’a point été habitée depuis long-temps, répondit le guide ; mais je voudrais bien y être, malgré tout. L’honnête Arnold Brederman, landamman[1] du canton d’Unterwalden, demeure près de là, et je vous en réponds, les étrangers auront toujours ce que la cave et le buffet renferment de meilleur, partout où règne son autorité. — J’ai entendu parler de lui, » répliqua le plus âgé des voyageurs, qu’Antonio avait reçu ordre d’appeler signor Philipson ; « c’est un homme bon et hospitalier, qui jouit d’une considération méritée parmi ses concitoyens. — Vous lui rendez bien justice, signor, répondit le guide ; et je voudrais que nous pussions gagner sa maison où vous seriez sûrs de trouver un bon accueil et des renseignements certains sur la route qu’il vous faudra tenir pour continuer demain votre voyage. Mais comment arriverons-nous au château du Vautour à moins d’avoir des ailes comme lui ! C’est une question difficile à résoudre. »

Arthur la résolut par une proposition hardie que le lecteur connaîtra dans le chapitre suivant.

  1. Magistrat principal. a. m.