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revenus du riche domaine entourant le château étaient une compensation suffisante aux peines de cet officier, et il avait soin de ne pas s’exposer à les perdre en négligeant son devoir. Il avait été récemment rappelé, et il paraissait qu’actuellement la jeune baronne d’Arnheim avait trouvé un asile dans les tours désertes de ses ancêtres.

La jeune Suissesse ne laissa point au voyageur le temps d’étudier en détail l’extérieur du château, ou de trouver le sens des emblèmes et des devises où dominait le caractère oriental dont il était couvert en dehors, et qui attestaient de différentes manières, plus ou moins directement, l’amour des fondateurs de cet immense édifice pour les sciences des sages de l’Orient. Avant même qu’il pût se livrer à un examen un peu détaillé des bâtiments, la voix de la jeune fille se fit entendre vers un angle de la muraille où se trouvait un avancement d’où une longue planche s’étendait sur un fossé sec, et communiquait avec une fenêtre dans laquelle se tenait Annette.

« Vous avez déjà oublié les leçons que vous avez prises en Suisse, » dit-elle en observant qu’Arthur ne s’avançait que timidement sur le pont-levis fragile et temporaire.

La réflexion qu’Anne, sa maîtresse, pourrait faire la même observation, rappela le jeune homme au degré de calme nécessaire. Il passa sur la planche avec le même sang-froid qu’il apprit à montrer en bravant le pont plus terrible encore qui se trouvait au bas du château ruiné de Geierstein. Il ne fut pas plus tôt entré sous la fenêtre qu’Annette, retirant son masque, lui souhaita la bienvenue en Allemagne et auprès de vieux amis dont les noms étaient nouveaux.

« Anne de Geierstein, dit-elle, n’existe plus ; mais vous verrez à présent madame la baronne d’Arnheim, qui lui ressemble d’une manière frappante ; et moi, qui étais Annette Veilchen en Suisse, suivante d’une demoiselle qui n’était pas plus grande dame que moi-même, je suis maintenant femme de chambre de la jeune baronne, et je tiens à distance toute personne de qualité inférieure. — Si, en de telles circonstances, répliqua le jeune Philipson, vous jouissez du crédit dû à votre mérite, permettez-moi de vous prier de dire à la baronne, puisque nous devons maintenant l’appeler ainsi, que mon ignorance seule du chemin m’a obligé à venir la gêner en son château. — Allez, allez, » repartit la jeune fille en riant, « je sais mieux ce qu’il me faut dire en votre faveur : vous