Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/236

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quelque chose de plus que la simple connaissance de la route que vous avez l’intention de suivre. Je puis rendre votre voyage plus édifiant par l’histoire des bienheureux saints dont j’ai visité les reliques précieuses, et plus agréable par le récit des choses merveilleuses que j’ai vues, et dont j’ai entendu parler dans mes courses. Je puis encore vous procurer l’occasion d’obtenir l’absolution de Sa Sainteté, non seulement pour les péchés que vous avez déjà commis, mais encore pour vos erreurs futures. — Cet avantage est sans doute d’un prix inestimable ; mais, bon Barthélémy, quand je désire causer de ces choses-là, je m’adresse à mon père confesseur, auquel je suis très exact à confier régulièrement le fardeau qui pèse sur ma conscience, et qui doit être par conséquent aussi familier que possible avec l’état de mon âme, et accoutumé à me prescrire les remèdes dont elle a besoin. — Cependant j’espère que Votre Seigneurie est un homme trop religieux et trop bon catholique pour passer devant aucune sainte station sans s’efforcer de revendiquer une part des trésors spirituels dont peuvent devenir possesseurs ceux qui sont prêts et disposés à les mériter, d’autant plus que les hommes de toute condition et de tout état honorent d’un culte spécial les saints qui servent de patrons aux carrières qu’ils ont embrassées : j’espère donc que, comme marchand, vous ne passerez pas devant la chapelle de Notre-Dame-du-Bac sans y faire quelque oraison convenable. — Ami Barthélémy, je n’ai jamais ouï parler du lieu saint que tu me recommandes ; et comme mes affaires sont pressantes, je trouve qu’il vaudra mieux que j’en fasse, pour une autre occasion, le but d’un pèlerinage tout particulier, que de retarder à présent mon voyage. Ce pèlerinage, Dieu aidant, je ne manquerai pas de l’accomplir ; de sorte que je pourrai obtenir ainsi mon pardon pour avoir différé ce devoir jusqu’à ce qu’il me fût possible de le remplir plus saintement et plus à loisir. — Puissiez-vous ne pas vous fâcher si je dis que votre conduite en cette affaire est comme celle d’un fou qui, trouvant un trésor au milieu du chemin, néglige de le ramasser et de l’emporter avec lui, en se proposant de revenir un autre jour de bien loin, tout exprès pour le chercher. »

Philipson, un peu surpris de l’obstination du guide, allait lui répondre vivement et avec colère ; mais il en fut empêché par l’arrivée de trois étrangers, qui couraient au galop derrière eux.

La première de ces trois personnes était une jeune dame très élégamment vêtue, et montée sur un petit cheval espagnol qu’elle