Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/168

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glais, dit le landamman, et je vous remercie de m’avoir rappelé quels étaient mes devoirs. Mais il ne faut cependant pas que vous couriez au devant du danger. Dès que nous serons passés, le pays sera ouvert aux dévastations des cavaliers et des Bourguignons, et des lansquenets qui balayeront les routes dans toutes les directions. Les gens de Bâle sont malheureusement trop peureux pour vous protéger : ils vous abandonneraient un premier mot du gouverneur ; et quant à la justice et à la douceur, vous pouvez aussi bien l’attendre de l’enfer que d’Hagenbach. — Il y a, dit-on, reprit Philipson, des conjurations qui peuvent faire trembler l’enfer lui-même ; et je possède le moyen de me rendre favorable même ce d’Hagenbach, pourvu que je parvienne à lui parler en particulier. Mais j’avoue que je ne puis m’attendre qu’à être tué par ces féroces cavaliers pour la valeur de mon manteau — S’il en est ainsi, répliqua le landamman, et s’il faut absolument nous séparer, car je ne nie pas que vous ne m’alléguiez de sages et puissantes raisons, pourquoi ne quitteriez-vous pas Graff’s-Lust deux heures avant nous ? Les routes seront sûres puisque l’on s’attend à notre escorte ; et vous trouverez probablement, si vous faites diligence, l’infâme d’Hagenbach non encore ivre, et aussi capable que jamais d’entendre raison… c’est-à-dire de comprendre son intérêt. Mais après qu’il a fait passer son déjeuner avec du vin du Rhin (et il en boit tous les matins avant d’aller à la messe), ses emportements aveuglent sa cupidité même. — Tout ce dont j’ai besoin pour exécuter ce projet, dit Philipson, c’est un mulet pour porter ma valise qui est au milieu de tout votre bagage. — Prenez la mule qui le porte ; elle appartient à mon collègue de Schwitz que voilà : il s’estimera heureux de vous la prêter, — Oui-dà, quand même elle vaudrait vingt couronnes ; puisque mon camarade Arnold le désire, prenez-la, » dit la vieille barbe blanche.

« Je l’accepterai comme un prêt, avec reconnaissance, dit l’Anglais ; mais comment vous passerez-vous de cet animal ? Il ne vous en reste plus qu’un ! Nous le remplacerons aisément à Bâle, répondit le landamman, même nous pourrons faire servir ce petit retard à votre dessein, seigneur Anglais. J’ai fixé notre départ à la première heure après le lever du jour ; nous le différerons d’une heure, ce qui nous donnera le temps de trouver un cheval ou une mule, et à vous, sir Philipson, le loisir d’arriver à La Ferette, où j’espère que vous terminerez pour le mieux vos affaires avec d’Hagenbach, et que vous nous rejoindrez pour voyager encore de com-