Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/149

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tance, fut tout ce qui prouva qu’il s’apercevait de la présence du baron.

« Le seigneur Herman leva la torche, et découvrit qu’il y avait réellement une grande figure noire debout dans la stalle, et appuyant sa main sur l’épaule du cheval : « Qui es-tu ? dit le baron, et que fais-tu ici ? — Je demande un asile et l’hospitalité, répondit l’inconnu ; et je te conjure de me les accorder, par l’épaule de ton cheval et par le tranchant de ton épée : puissent-ils, en retour, ne te manquer jamais à l’instant du plus terrible danger ! — Tu es donc un frère du feu sacré, répliqua le baron Herman d’Arnheim ; je ne puis te refuser l’asile que tu me demandes, suivant le cérémonial des mages perses. Contre qui et pour quel espace de temps réclames-tu ma protection ? — Contre ceux, répliqua l’étranger, qui viendront me chercher ici avant le premier chant du coq, et pour un an et un jour pleins à partir de cet instant. — Je ne puis te refuser, dit le baron, sans manquer à mon serment et à mon honneur. Je réponds de ta sûreté pour un an et un jour, et tu partageras avec moi mon toit et ma chambre, mon vin et ma nourriture. Mais il te faudra, toi aussi, obéir à la loi de Zoroastre qui, outre qu’elle porte que le plus puissant protège le frère plus faible, porte encore que le plus savant instruise le frère qui a moins de science. Je suis le plus puissant, et tu seras à l’abri du danger sous ma protection ; mais tu es le plus savant, et tu dois m’initier aux plus secrets mystères. — Vous raillez votre serviteur, répliqua l’étrange personnage ; mais si Dannischemend ne sait rien qui puisse profiter à Herman, ses instructions seront pour lui comme celles d’un père pour son fils. — Sors donc du lieu où tu t’es réfugié, dit le baron d’Arnheim ; je te jure, par le feu sacré qui dure toujours sans aliment terrestre, par la fraternité qui existe entre nous, par l’épaule de mon cheval et par le tranchant de ma bonne épée, que je te soustrairai au péril pendant un an et un jour, aussi bien qu’il me sera possible. »

« L’étranger sortit donc de la stalle, et les domestiques qui virent la singularité de son extérieur ne s’étonnèrent plus des frayeurs de Caspord, l’écuyer-maître, lorsqu’il avait trouvé un pareil individu dans l’écurie, sans pouvoir imaginer par où il était entré. Lorsqu’il arriva dans le salon bien éclairé où le baron le conduisit, comme il eût fait pour un hôte bienvenu et honorable, l’étranger parut être fort, grand et plein de dignité. Il portait le costume asiatique, c’est-à-dire un long cafetan noir, semblable à la robe