Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 21, 1838.djvu/139

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guerre que nos pères sortirent de la terre de servitude ; ce fut par la guerre, par une guerre heureuse et glorieuse, qu’un peuple qui passait pour mériter à peine autant d’attention que les bœufs qu’il gardait, conquit la liberté et l’importance des autres nations, et devint honoré parce qu’il fut craint autant qu’il avait été d’abord méprisé alors qu’il était faible et résigné à l’oppression. — Tout ce que vous dites peut être vrai ; mais, dans mon opinion, l’objet de votre mission a été déterminé par votre diète ou chambre des communes. Elle a résolu de vous envoyer, vous et d’autres, comme messagers de paix : mais vous allumez en secret des brandons de guerre ; et, tandis que tous vos anciens, ou presque tous, songent à se mettre demain en route avec l’espoir d’un voyage paisible, vous êtes prêts à combattre, vous, et ne cherchez qu’un prétexte pour en venir aux mains. — Ai-je donc tort de me tenir ainsi préparé ? Si notre réception sur les domaines de Bourgogne est pacifique, comme s’y attend, dites-vous, le reste de la députation, mes précautions seront inutiles, mais au moins elles ne peuvent nuire ; s’il en arrive autrement, je me trouverai à même de détourner un grand malheur prêt à fondre sur mes collègues, sur mon parent Arnold Biederman, sur ma belle cousine Anne, sur votre père, sur vous-même… sur nous tous enfin qui voyageons gaîment ensemble. »

Arthur secoua la tête. « Il y a, dit-il, là dedans quelque chose que je ne comprends pas, et que je ne chercherai pas à comprendre. Je vous prie seulement de ne point faire des intérêts de mon père un motif pour rompre la trêve. Il se peut, comme vous me l’avez donné à entendre, que le landamman se trouve impliqué dans une querelle qu’il aurait autrement pu éviter. Je suis sûr que mon père ne le lui pardonnerait jamais. — J’ai déjà donné ma parole dans cette affaire ; mais s’il arrive que le traitement qu’il recevra du duc de Bourgogne lui plaise moins que vous ne semblez le croire, il n’y a point de mal à ce que vous sachiez qu’en cas de besoin il peut être bien et vigoureusement secouru. — Je vous suis grandement obligé de cette assurance. — Et vous-même, mon ami, vous pouvez mettre à profit ce que vous venez d’entendre : les hommes ne vont point en armes à une noce, ni à une querelle en pourpoint de soie. — Je me tiendrai prêt à tout événement, et je vais en conséquence revêtir un léger haubert d’acier bien trempé, à l’épreuve de la flèche et de l’épée : je vous remercie de votre bon conseil. — Oh ! ne me remerciez pas ; je serais peu digne du titre de chef si je