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dans le parlement vehmique que les cas nouveaux et imprévus, pour lesquels les lois existantes ne présentaient aucun remède, recevaient leurs solutions.

Comme les échevins étaient partagés en deux classes, les initiés et les non initiés, ainsi les Cours vehmiques avaient un double caractère. L’Offenbare Ding était une cour ouverte ou Folkmoot ; mais l’Heimliche Acht était le fameux tribunal secret.

La première se tenait trois fois par an. Selon l’ancien usage teutonique, elle s’assemblait ordinairement le mardi, autrefois appelé Dingstag ou jour de la Cour, ou bien Dinstag ou jour du travail, le premier ouvert après les deux grandes fêtes de chaque semaine du dimanche et du lundi ; ce qui était le mardi. Là, tous les chefs de famille du district, libres ou non, assistaient comme aspirants. Les offenbare ding exerçaient une juridiction civile. Dans ce folkmoot comparaissait quelque demandeur ou quelque appelant, qui cherchait à obtenir l’appui du tribunal vehmique. Dans ces cas, il ne possédait pas cette haute juridiction qui lui a donné une si terrible célébrité. Là, aussi, les aspirants du district faisaient leurs dénonciations ou wroge, comme on les appelait, sur les offenses qu’ils savaient avoir été commises, et que le graff et les échevins punissaient.

La juridiction criminelle du tribunal vehmique était placée au rang le plus élevé. Le vehme punissait la calomnie et l’injure. La violation des dix commandements était réprimée par les échevins. Les crimes secrets qui ne pouvaient pas être prouvés par les témoignages ordinaires, tels que la magie, la sorcellerie, le poison, étaient particulièrement du ressort des juges vehmiques ; et ils désignèrent quelquefois leur juridiction, comme comprenant toute offense contre l’honneur de l’homme ou les préceptes de la religion ; et si la propriété d’un pauvre individu était occupée par un orgueilleux bourgeois de la Hanse, le pouvoir des défendeurs devenait une excuse raisonnable à l’intervention du pouvoir vehmique.

Les échevins, comme conservateurs du ban de l’empire, étaient obligés de faire constamment le tour de leur district, jour et nuit. S’ils saisissaient un voleur, un assassin, ou l’auteur de quelque autre crime odieux en flagrant délit, ou s’il avouait le fait, ils le pendaient au premier arbre qu’ils rencontraient. Mais pour rendre cette exécution légale, il fallait un procès nouveau ou la saisie et l’exécution du criminel avant l’aurore ou la tombée de la nuit ; il fallait aussi la parfaite évidence du crime ; enfin, trois échevins au