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quelque chose de ces vers judiciaires de la Cour en plein champ, de l’abbaye de Corbey aux tribunaux libres vehmiques de Westphalie, M. Pulgrave continue à corriger plusieurs erreurs vulgaires, que le roman, sans aucun doute, avait partagées par rapport à la constitution actuelle de ces cours. « Les minutes de leurs procédures, dit-il, ne réalisent pas l’idée populaire de leurs terreurs et de leur tyrannie. » Il m’est permis de mettre en question si les simples minutes des tribunaux sont assez bien conservées pour rendre nul tout ce que la tradition raconte à ce sujet. Les détails suivants n’instruiront pas moins les antiquaires qu’ils amuseront le lecteur peu versé dans les sciences.

La cour, dit M. Pulgrave, se tenait en plein jour, après avoir été publiquement annoncée. Les décisions, quoique promptes et sévères, étaient rendues d’après un système régulier de jurisprudence établie, nullement étrangère même à l’Angleterre, comme on pourrait le croire à la première vue.

La Westphalie, selon son ancienne constitution, était divisée en districts appelés Freigrafschaften. Chacun d’eux possédait ordinairement un, et quelquefois plusieurs tribunaux vehmiques, dont les limites étaient exactement marquées. Le droit du Stuhlherr ou seigneur, était d’une nature féodale et pouvait être transféré selon la manière ordinaire d’aliénation ; et si le seigneur n’agissait pas en personne, il nommait un freigraff pour remplir sa charge à sa place. La Cour elle-même était composée de freischoppen, scabini ou échevins nommés par le graff, qui se partageaient en échevins ordinaires, et les wissenden ou witan. Ces derniers n’étaient admis qu’après s’être liés par un secret aussi singulier que rigoureux.

Cette initiation de ceux qui participaient à tous les mystères du tribunal ne pouvait avoir lieu que sur la terre rouge, ou dans les limites de l’ancien duché de Westphalie. Le candidat, tête nue et dégagé de ses liens, est conduit devant le terrible tribunal. Il est interrogé selon ses qualités, ou plutôt d’après l’absence de défauts. Il doit être un Teuton, né libre, et exempt de toute accusation capable d’être portée devant le tribunal dont il doit devenir membre. Si les réponses sont satisfaisantes, il prête serment et jure par la loi sacrée, qu’il gardera le secret de la sainte Vehme, à l’égard de sa femme et de ses enfants, de son père et de sa mère, de son frère et de sa sœur, du feu et de l’eau, de toute créature qui vit sous le soleil ou sur laquelle la pluie tombe, de tous les êtres qui existent entre le ciel et la terre.