Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/465

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jours avec un mépris complet de ce qui peut lui arriver de pis en réclamant ses droits et ceux de son pays.

— Je me réjouis, sire, — et pourtant hélas ! je dois aussi m’affliger de vous voir sur les côtes britanniques, » dit sir Richard Glendale, et il s’arrêta muet, — une foule de sentiments contradictoires l’empêchant d’en dire davantage.

« C’est l’appel de mon peuple fidèle et souffrant qui a pu seul me déterminer à tirer de nouveau l’épée. Quant à moi, sir Richard, lorsque j’ai réfléchi combien de mes amis loyaux et dévoués périssaient par le fer et par la proscription, ou mouraient dans l’indigence et l’oubli sur un sol étranger, j’ai souvent juré qu’aucun motif d’intérêt personnel ne me porterait à élever de nouveau des prétentions qui ont déjà coûté si cher à mes partisans. Mais puisque tant d’hommes de crédit et d’honneur pensent que la cause de l’Angleterre et de l’Écosse est liée à celle de Charles Stuart, je dois suivre l’exemple de ces braves, et, mettant de côté toute autre considération, arriver encore une fois comme libérateur. Je suis donc venu seulement ici sur votre invitation, messieurs, et comme vous devez connaître parfaitement une foule de circonstances auxquelles mon absence m’a rendu nécessairement étranger, je dois être un simple instrument entre les mains de mes amis. Je sais de reste que je ne puis m’en rapporter implicitement à des cœurs plus loyaux et à des têtes plus sages que Herries Redgauntlet et sir Richard Glendale. Donnez-moi donc votre avis : comment allons-nous procéder ? Décidez du destin de Charles-Édouard. »

Redgauntlet regarda sir Richard comme pour lui dire : « Pouvez-vous songer à imposer une condition désagréable dans un moment comme celui-ci ? » Mais sir Richard secoua la tête et baissa les yeux, comme si sa résolution était inébranlable, et pourtant comme s’il sentait combien sa position était délicate.

Suivit un instant de silence que rompit le dernier représentant d’une malheureuse dynastie, en s’écriant avec quelque apparence de colère. « Voilà qui est étrange, messieurs : vous m’avez arraché du sein de ma famille pour que je vinsse me mettre à la tête d’une entreprise incertaine et périlleuse ; et quand je suis venu, vos esprits semblent être encore indécis. Je ne m’y serais pas attendu de la part d’hommes tels que vous.

— Quant à moi, sire, dit Redgauntlet, l’acier de mon sabre n’est pas d’une meilleure trempe que ma résolution.

— Je puis en dire autant de milord et de moi-même, répliqua sir Richard ; mais nous vous avions chargé, M. Redgauntlet, de transmettre notre requête à Sa Majesté, en lui proposant certaines conditions.