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Darsie, « qu’il montrera en présence du prince des sentiments convenables à la circonstance. »

Il sembla pourtant à Darsie que son oncle eût préféré ne pas le conduire devant le roi, s’il n’eût pas craint qu’il ne fût influencé par les confédérés irrésolus, au milieu desquels il devait rester pendant son absence, ou qu’il n’exerçât lui-même une influence sur eux.

« Je vais, dit Redgauntlet, demander si l’on peut nous recevoir. »

Il revint un instant après, et, sans dire mot, fit signe an jeune lord de venir. Le jeune lord s’avança, suivi de sir Richard Glendale et de Darsie, Redgauntlet ne venant qu’après eux tous. Un petit corridor, qu’ils traversèrent, et quelques marches qu’il leur fallut monter, les conduisirent à la porte de la salle temporaire de réception, où le royal aventurier devait recevoir leur hommage. C’était l’étage supérieur d’une de ces chaumières qu’on avait ajoutées au vieux cabaret, appartement pauvrement meublé, sale et en désordre ; car quelque téméraire que puisse paraître l’entreprise, on avait encore eu le soin de ne pas éveiller l’attention des étrangers en se donnant beaucoup de peine pour la commodité personnelle du prince. Il était assis, quand les députés de ses partisans entrèrent dans sa chambre, et lorsqu’il se leva, lorsqu’il s’avança vers eux et les salua pour répondre à leur salut, ce fut avec une dignité et une courtoisie qui suppléèrent à toute pompe extérieure, et convertirent le misérable grenier en un salon digne de la circonstance.

Il est inutile d’ajouter que c’était le même personnage déjà introduit en scène sous le nom de père Bonaventure, nom qu’il portait à Fairladies. Son costume ne différait de celui qu’il portait chez les miss Arthuret que par une large redingote de camelot, sous laquelle il cachait une bonne épée au lieu d’une petite rapière, et de plus une paire de pistolets.

Redgauntlet lui présenta successivement le jeune lord et son parent, sir Arthur Darsie Redgauntlet : celui-ci, en saluant le monarque et en lui baisant la main, trembla de commettre un acte qu’on pourrait taxer de haute trahison, et que pourtant il ne voyait aucun moyen d’éviter.

Sir Richard Glendale parut être personnellement connu de Charles-Édouard, qui l’accueillit avec autant de tendresse que de dignité, et sembla fort ému des larmes qui coulèrent des yeux de ce gentilhomme, lorsqu’il annonça à Sa Majesté qu’elle était la bienvenue dans le royaume de ses pères.

« Oui, mon bon sir Richard, » dit le malheureux prince, d’un ton mélancolique, » Charles-Édouard se retrouve encore une fois avec ses fidèles amis, — non plus peut-être avec ces joyeuses espérances qui faisaient disparaître le péril à ses yeux, mais tou-