Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/462

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comme vous, M. Redgauntlet, quels scrupules nous pouvons nous faire de capituler avec notre souverain dans sa situation présente ; mais je dois songer aussi à la ruine complète de cette cause, aux confiscations de biens et à l’effusion de sang qui peut avoir lieu parmi ses partisans, grâce à l’infatuation avec laquelle il tient à une femme qui est encore pensionnée par le ministère actuel comme elle l’était par sir Robert Walpole. Que Sa Majesté la renvoie sur le continent, et l’épée sur laquelle j’appuie en ce moment ma main sera aussitôt dégainée, ainsi que des milliers d’autres, comme je l’espère. »

Toutes les personnes présentes acquiescèrent unanimement à ce que sir Richard Glendale avait dit.

« Je vois que vous avez pris votre résolution, messieurs, dit Redgauntlet, et peu sagement, je pense. En effet, par des procédés plus doux et plus généreux, vous auriez eu plus de chances d’emporter un point qui me paraît aussi désirable qu’à vous ; mais qu’arrivera-t-il si Charles, avec l’inflexibilité de son grand-père, refuse de se soumettre à cette décision ? Votre intention est-elle de l’abandonner à son destin ?

— Dieu nous en préserve ! dit vivement sir Richard ; « et Dieu vous pardonne, M. Redgauntlet, d’avoir conçu une pareille idée. Non ! ce sera avec tous les égards et toute l’humilité possible que je le verrai monter sain et sauf sur son vaisseau, et je le défendrai au péril de mes jours contre quiconque l’attaquera. Mais quand je l’aurai vu mettre à la voile, mon premier soin sera d’assurer, si je peux, ma propre vie en me retirant chez moi ; ou si je vois que notre entreprise, comme il n’est que trop probable, s’est éventée, j’irai me remettre entre les mains du juge de paix le plus proche ; je promettrai de vivre à l’avenir en paix, me soumettant aux autorités existantes. »

Tous les auditeurs indiquèrent encore qu’ils partageaient l’opinion de l’orateur.

« Hé bien ! messieurs, dit Redgauntlet, ce n’est pas à moi de gêner les opinions de personne, et je dois vous faire la justice de dire que le roi, dans le cas présent, a négligé de remplir une condition de votre traité qui lui était proposée en termes très-formels. La question est maintenant de savoir qui se chargera de lui apprendre le résultat de cette conférence ; car je ne présume pas que vous vouliez vous rendre encore auprès de lui pour le prier de renvoyer une personne de sa famille, comme prix de votre allégeance.

— Je crois que M. Redgauntlet peut donner cette explication en notre nom, dit le jeune lord. Comme il a sans doute fait droit à nos remontrances en les communiquant au roi, personne ne peut