Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/430

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bécasse, s’il pouvait seulement se douter de son arrogante présomption à mon égard, il n’ose plus prendre, en ce qui me touche, cet air de domination insolente, que la possession des secrets de mon oncle et la connaissance de ses plans les plus cachés l’ont mis à même d’exercer sur les autres membres de la famille.

— En attendant, ajouta Darsie, je m’estime heureux de voir que le maître de cette maison ne lui semble pas aussi dévoué que je le craignais ; et cette circonstance ajoute beaucoup à l’espoir d’évasion que j’ai conçu pour vous comme pour moi. Oh ! Lilias, le plus fidèle des amis, Alan Fairford me cherche, et il est ici en ce moment. Un autre ami plus humble, mais aussi sincère, je pense, est aussi sous ce toit dangereux. »

Lilias mit un doigt sur sa bouche, et montra la porte. Darsie, comprenant aussitôt l’avis, baissa la voix, et lui apprit tout bas que Fairford était arrivé ; et qu’en outre, il croyait avoir ouvert une voie de communication avec Willie le voyageur. Elle l’écouta avec le plus vif intérêt, et elle allait lui répondre, lorsqu’un grand bruit se fit entendre dans la cuisine, causé par les cris de gens qui se disputaient : Darsie crut distinguer la voix d’Alan Fairford.

Oubliant combien peu sa propre situation lui permettait de voler au secours d’un autre, Darsie se précipita vers la porte de la chambre, et la trouvant fermée en dehors à la clef et aux verroux, il se mit à la battre de toutes ses forces pour l’enfoncer, malgré les prières de sa sœur, qui l’engageait à se calmer et à se souvenir de la position dans laquelle il se trouvait. Mais la porte, assez solide pour résister aux attaques des constables, des douaniers et d’autres personnages regardés comme dignes d’employer ce qu’on appelle les clefs du roi[1], et d’ouvrir, par tous les moyens possibles, les lieux les mieux fermés, la porte résista à tous les efforts de Darsie. Cependant le bruit augmentait toujours en dehors, et nous allons en expliquer la cause dans le chapitre suivant.

  1. Vulgairement le levier et la hache. a. m.