Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/429

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que d’autres, — vous me comprenez ? — avoir de bonnes lumières dans l’étage supérieur de ma maison, — et savoir une chose ou deux de plus que la plupart des gens du pays. Si l’on se réunit chez moi pour tramer de mauvais complots, ventrebleu ! on n’emploiera point Joé Crackenthorp comme la patte du chat. — Je tiendrai ma conscience nette, vous pouvez y compter : que chacun réponde de ses propres actions ; — c’est ma manière de voir. — Vous manque-t-il quelque chose ici, maître Nixon ?

— Non, — oui, — sortez ! » répliqua Nixon qui, fort embarrassé par la déclaration de l’hôte, semblait vouloir cacher l’effet qu’elle avait produit sur lui.

La porte ne fut pas plutôt refermée sur Crackenthorp, que miss Redgauntlet, s’adressant à Nixon, lui ordonna de se retirer, et d’aller où il lui convenait d’être.

« Comment, mademoiselle ? » dit le drôle d’un ton bourru, et cependant avec un air de respect, « voudriez-vous que votre oncle me déchargeât ses pistolets dans la tête pour avoir désobéi à ses ordres ?

— Il pourra bien le faire pour quelque autre motif, si vous n’obéissez pas aux miens, » répliqua Lilias avec calme.

« Vous abusez de votre avantage sur moi, mademoiselle : — je n’ose réellement pas me retirer ; — je dois veiller sur cette autre miss que voilà ; et si j’abandonnais mon poste, je n’aurais plus cinq minutes à vivre.

« Sachez alors où est votre poste, monsieur, et montez la garde en dehors de la porte. Vous n’êtes pas chargé, je pense, d’écouter notre conversation particulière. Sortez, monsieur, sans ajouter un seul mot et sans plus répliquer ; sinon, je dirai à mon oncle des choses dont vous pourrez vous repentir qu’il soit instruit. »

Le drôle regarda Lilias avec une singulière expression de dépit, mêlée de respect. « Vous abusez de vos avantages, mademoiselle, dit-il, et c’est folie à vous d’agir ainsi, comme c’est folie à moi de vous laisser prendre une telle autorité. Vous êtes un tyran, et les tyrans ont ordinairement des règnes courts. »

À ces mots, il quitta l’appartement.

« L’insolence inconcevable de ce coquin, dit Lilias à son frère, m’a donné un grand avantage sur lui ; car, sachant que mon oncle lui enverrait une balle avec aussi peu de remords qu’a une