Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/405

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gothique, dont la magnificence était telle que je ne saurais vous la décrire.

Elle était éclairée par dix mille bougies, dont l’éclat m’éblouit d’abord les yeux, attendu que nous sortions de ces passages noirs et secrets. Mais, quand ma vue commença à s’affermir, comment vous faire la description des choses que j’aperçus autour de moi ? De longues rangées de tables étaient occupées par des princes et des nobles en costume d’apparat ; — par les grands officiers de la couronne, portant leurs plus beaux habits et les insignes de leur dignité ; — par de révérends prélats et de respectables juges, premiers dignitaires de l’Église et de la magistrature, revêtus de robes plus sombres, mais non moins imposantes ; — par d’autres personnages enfin dont la mise antique et sévère annonçait des hommes d’importance, quoique je ne pusse même imaginer qui ils étaient. La vérité se présenta soudain à mon esprit : — c’était, et les conversations que j’entendis me le confirmèrent, c’était le festin du couronnement. Devant une table plus élevée que toutes les autres, et occupant le haut bout de la salle, était assis sur un trône le jeune souverain lui-même, entouré des princes du sang et d’autres personnages illustres, recevant les hommages et les félicitations de ses sujets. Des hérauts et des poursuivants d’armes, vêtus de leurs habits armoriés, bizarres, mais splendides, et des pages d’honneur, recouverts des riches livrées du temps passé, se tenaient derrière les convives royaux. Dans les galeries qui régnaient autour de cette salle spacieuse brillait tout ce que ma pauvre imagination avait pu concevoir de magnifique en richesses et de séduisant en beauté. D’innombrables rangées de dames, dont les diamants, les joyaux et la mise brillante faisaient les moindres charmes, regardaient du haut de leurs sièges resplendissants le superbe spectacle qui se déployait au-dessous d’elles, formant elles-mêmes un coup d’œil aussi éblouissant et aussi enchanteur que celui dont elles étaient spectatrices. Sous les galeries, et derrière les tables des convives, était une multitude de gentilshommes portant des habits dignes de la cour, mais dont le costume, quoique assez riche pour ne pas sembler mesquin à un royal lever, ne se distinguait pas au milieu d’une scène aussi splendide. Nous errâmes quelques minutes parmi toute cette foule, n’attirant ni les regards ni l’attention de personne. Je vis alors plusieurs jeunes filles habillées comme moi ; je ne fus donc plus honteuse de la bizarrerie de mon habillement, et, suspendue au